Très librement adapté du comic-book de Steve Moore et Admira Wijaya (Moore se verra d'ailleurs spolié des droits d'adaptation et verra son travail de recherches totalement massacré par le script final, avant que son nom soit utilisé pour la promotion du film après sa mort), le Hercule de Brett Ratner prend comme parti de s'éloigner de tout aspect mythologique au profit d'une approche plus humaine du personnage d'Héraclès.
Une idée intéressante que de jouer sur les rapports souvent biaisés entre la fiction et la réalité, qui aurait pu donner lieu à une réflexion passionnante sur la notion de héros et sur la transmission orale, tout en apportant plus de nuances et de profondeur à un héros rarement représenté correctement à l'écran. C'était bien entendu compter sans l'effarant cynisme d'Hollwood et l'incapacité chronique de son tâcheron de réalisateur à torcher un film convenablement, comme il l'avait déjà prouvé lors du désastreux X-Men: L'affrontement final.
Bazardant toutes les séquences faisant appel à une imagerie fantaisiste dès les cinq premières minutes (en gros, la majorité des plans que le trailer vendait comme des morceaux de bravoure importants), Hercule s'apparente à une vaste blague pendant l'heure et demie qui suit, à une désacralisation totale de ses personnages. Bien fait et un minimum pensé, cela aurait pu être drôle, voir pertinent et cohérent. Malheureusement, sous la caméra de Ratner, cela en devient un spectacle franchement embarrassant, une sorte de version beer and burgers de la mythologie grecque.
Ayant toute les peines du monde à choisir entre humour goguenard et sérieux professoral, se contentant de nous resservir une intrigue basique et prévisible, Hercule n'offre même pas un spectacle divertissant et satisfaisant, le film étant totalement privé de la moindre ampleur, de tout aspect épique ou iconique. Le casting a beau être prestigieux (John Hurt; Ian McShane; Joseph Fiennes...), seul Dwayne Johnson semble prendre un minimum de plaisir à faire le con avec sa tête de lion ridicule collée sur le crâne.
Il y bien deux ou trois plans qui parviennent à faire illusion mais ils sont sans cesse sabordés par un humour bas du front, par des CGI bien trop visibles ou par une distanciation agaçante, à l'image d'un produit de masse trop con pour être pris au sérieux et trop "réaliste" pour être drôle. J'en serais presque à regretter l'époque de Red Sonja.