Arnold en Mode Petits Bras

La vingtaine et tout juste auréolé du titre de monsieur univers , Arnold Schwarzenegger débarque aux USA fermement décide à faire du cinéma quitte à s'inventer quelques expériences théâtrales. Hercule à New York de Arthur Allan Seidelman sera donc le tout premier film dans lequel le futur Terminator tiendra le haut de l'affiche. Et tout comme l'adage qui dit que même les nains ont commencé petits, même les grands costauds ont d'abord joués les petits bras.

Le pitch du film est tout entier dans son titre puisque le film raconte l'histoire d'Hercule demi-dieu et grand dadais bougon qui s'emmerde avec toutes ses faces de vieux sur le mont Olympe et souhaite partir voir du pays du coté des mortels. Zeus qui en a marre de ses caprices d'adolescent envoie alors Hercule sur terre pour lui apprendre à vivre, c'est ainsi que ce brave Hercule se retrouve à New York.

Hercule à New York est un gentil nanar dont Arnold Schwarzenegger souhaitera durant des années racheter les négatifs pour le faire disparaître de sa filmographie. Pourtant si le film est effectivement mauvais il est aussi d'une candeur et d'une naïveté amusante et il ne mérite aucunement la destruction au bûcher. C'est sous le pseudo de Arnold Strong que Schwarzenegger interprète ici un demi dieu tout en muscles avec un délicieux mélange de prétention divine et de candeur toute juvénile. Hercule à New York joue ainsi beaucoup sur le choc des cultures et des civilisations avec quelques ressorts de comédies digne des Visiteurs comme lorsque Hercule retourne un taxi vexé qu'on veuille faire payer à un dieu une vulgaire course en char. Hercule se voit aussi très vite associé un sidekick comique en la personne de Breezy un nabot à lunette à la voix de crécelle interprété par Arnold Stang (Strong et Stang on est peut être passé à coté d'un grand duo comique).

Hercules à New York est un film qui peut se déguster dans divers version qui ont toutes un certain charme, si lors de son exploitation en salle la voix de Schwarzenegger a entièrement été redoublée pour gommer son accent germanique on retrouve la voix originale du demi dieu grec qui parle anglais avec l'accent germanique sur le DVD et la version française est elle aussi assez gratinée. Je n'irai pas jusqu'à vous encourager à regarder le film trois fois de suite le film mais c'est assez drôle de zapper entre divers versions. Le film de Arthur Allan Seidelman est un film à tout petit budget et cela se ressent souvent de manière assez drôle comme cette reconstitution du mont Olympe dans un banal jardin (Celui du producteur selon certaines sources) , d'étranges ellipse visuels dès l'instant que le film méritait un petit effet spécial et quelques moments du pur série Z. Le moment culte restant la scène durant laquelle Hercule castagne un grizzly échappé d'un zoo pour un magnifique pugilat de cartoon entre un gros dur et un type dans un costume de nounours miteux sur fond de sirtakis endiablé. Et franchement ce morceau de bouzouki entêtant, ce sirtaki diabolique qui revient durant tout le film comme une malédiction et un running gag vous n'êtes pas prêt de l'oublier.

Hercule à New York est certes très mauvais mais le film possède un évident second degré et suffisamment d'éléments de pure comédie comme lorsque Hercule affole une vieille dame en apparaissant par le hublot d'un avion en plein vol pour comprendre que Arthur Allan Seidelman n'est pas totalement dupe du niveau de son film. Arnold Schwarzenegger est assez mauvais mais curieusement ça colle plutôt bien à son personnage de grand dadais un peu niais et de force brut totalement perdu dans les usages et les codes de la vie de mortel et c'est même assez marrant de voir que Hercule est aussi paumé dans New York que Schwarzenegger semble l'être dans le cinéma. Avec un peu plus de folie, un peu plus de moyens, beaucoup plus de talents Hercule à New York aurait même pu devenir une sympathique comédie fantastique d'action mais dans le cas présent ce sont le plus souvent des sourires de consternations que le film provoque. Dommage j'avais presque envie d'y croire lorsque Samson et Atlas tels les Avengers viennent à la rescousse d'Hercule pour tataner des vilains figurants mafieux lors de la grande bagarre finale au rythme de ce foutu sirtaki.

Nul besoin de faire disparaître ce premier film de ta filmographie Arnold, il est touchant comme les premiers pas hésitant d'un gros poupon joufflu qui se vautre lamentablement. Par contre si tu veux faire disparaitre Batman et Robin ou Un flic à la Maternelle moi ça ne me dérange pas du tout.