Magnifiquement restauré et distribué par Artus Films, Ercole al Centro della Terra nous invite à descendre au centre du cinéma de Mario Bava (encore naissant, il s'agit de son deuxième film en tant que cinéaste) puisque sont ici développées la plupart des techniques de composition de plans et d'atmosphères qui définissent son style : importance de la photographie en tant que langage à part entière qui en dit davantage que des dialogues marqués par le conventionnel des personnages des récits investis (forcément stéréotypés), décors expressionnistes qui semblent situés à mi-chemin du réel et de l'irréel, lumières teintées de couleurs vives qui projettent la subjectivité d'un personnage ou d'un groupe de personnages sur l'environnement dans lequel ils doivent évoluer. Voilà un film lancé dans une recherche formelle permanente et qui pense le cinéma par le biais de sa photographie – Bava est avant tout un photographe et un coloriste de génie. En résulte une œuvre fascinante en ce qu'elle mêle le genre du péplum au registre fantastique, une œuvre aussi chimérique et passionnante que les monstres qu'imaginèrent jadis les mythologies grecques et latines, investies par Mario Bava avec l'imagination et le talent d'un artiste véritable.