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De temps à autre, je retente une incursion du côté du cinéma d’horreur, dans lequel je loupe sûrement pas mal de choses depuis des années ; et force est de constater que de cette pléthorique...
le 20 oct. 2018
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Enfin, un réalisateur parvient à nous surprendre dans le genre des films d'horreur.
Qui ne se souvient pas de son premier film d'épouvante? Malheureusement, après les frissons des deux-trois premiers horror movies regardés planqués sous la couette, j'ai très vite eu l'impression d'avoir fait le tour. Même thèmes, mêmes ambiances, même petits tricks de narration.
Hérédité a une qualité: il parvient à renouveller le genre. L'ambiance est glauque à souhait, le rythme (relativement) lent du film permet un build-up dans le malaise du spectateur. Etonnament, Aster parvient à faire dans l'originalité en reprenant des thèmes bien usés: la maison hantée, la malédiction familiale, les forces occultes.
L'intrigue est rythmée par deux deuils, celui de l'étrange grand-mère qui constitue l'incipit du film, et le décès qui va catalyser tous les éléments de l'étrange et faire descendre cette famille dans l'horreur. Contrairement à bien des films d'horreur, le traitement des relations entre les personnages n'est ni superficiel, ni artificiel. Un des point fort d'hérédité, c'est la vraisemblance des relations familiales, complexes et tordues à souhait. Après le décès-pivot, la culpabilité ronge le fils, tandis que la mère sombre dans une hystérie psychotique, face à père/mari qui est... et bien... passif et effacé. C'est sans aucun doute la véracité glacante de ces personnages qui donne son "potentiel terrifiant" au film.
Et puis, les acteurs offrent des interprétations impressionantes. Toni Collette (Annie Graham) joue à la perfection la descente dans la psychose et la paranoïa d'une mère instable. Encore un bon point pour Aster qui parvient à faire se demander au spectateur tout le long si tout n'est pas le fruit de l'imagination d'Annie. Surtout c'est Milly Shapiro (Charlie, la fille) qui fait l'interpretation la plus troublante d'un archétype en soi vu et revu dans le genre de l'horreur: la petite fille possédée. Pourtant elle parvient à instiguer un profond malaise. La supposé possession n'est qu'ébauchée, dans l'attitude introvertie de Charlie, les animaux morts, son habitude de s'isoler dans la cabane... Ce n'est qu'une ébauche aussi puisque son rôle prend fin de manière abrupte et inattendue (bravo à la bande annonce qui ne révèle rien).
Malheureusement, hérédité a des points faibles à la hauteur de ses qualités. Le film se perd dans un trop plein de thèmes: une malédiction familiale, la folie, l'ésotérisme... Si bien qu'en définitive, on ne parvient plus vraiment à comprendre ce qui cause tous ces évènements lugubres et qu'on peut facilement perdre le fil de l'histoire. Et que le dénouement reste bien énigmatique. Intentionellement peut-être?
Pour autant, hérédité augure un renouvellement bienvenu dans un genre qui faisait de plus en plus dans le ringard. La capacité d'Ari Aster à narrer des histoires qui nous dérangent, avec une belle maîtrise de la caméra a été confirmée par son second film, Midsommar, que je recommande chaudement.
Créée
le 23 juil. 2020
Critique lue 212 fois
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