Hero
6.8
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Film de Zhāng Yì-Móu (2002)

Cette critique est rédigée sans plan, je vais juste laisser mon cœur parler.
Il s'agit plus d'un constat que je vais étayé de nombreux récits plutôt qu'une réelle critique en fait.


Ce film est ancré dans l'histoire de ma vie, et je m'en servirais maintes fois en exemple pour tenter de démontrer qu'un avis / jugement / critique est un nid à subjectivité d'affect contre lequel on ne peut pas grand chose... Je m'explique, car ce film à une histoire par rapport à mon parcours.


J'ai découvert ce film aux alentours de 2004 / 2005. A ce moment, je suis un ado qui se construit, dans une période assez charnière de ma vie dont je suis aujourd'hui assez nostalgique.
Je n'ai jamais été réellement cinéphile, et à cette époque le cinéma n'est pour moi qu'un divertissement, même si je sens bien qu'il est plus que cela. Mais je n'ai pas les codes.
Un ami d'enfance ( un certains KingRabbit ici, que je salue très chaleureusement !) m'invite régulièrement chez lui, et comme lui pour le coup est un cinéphile avertis, il me fait découvrir la richesse du cinéma, en me faisant voir des films parfois un peu sortis des sentiers battus mais toujours ô combien intéressants à regarder d'une façon ou d'une autre.


Mais je reste un énorme néophyte à ce moment là, sauf que je capte la sensibilité artistique relative à ce qu'est un film dans son essence. Je le comprend sans le comprendre en fait, empiriquement. Et en plein dans cette période je tombe sur "Héro".


C'est un strike dans ma sensibilité : à cette époque où je me découvre une passion (devenu certes quelque chose de banal en 2021) pour la culture japonaise et par extension , la culture asiatique. Au premier visionnage je trouve ce film incroyablement beau, esthétique, poétique, audacieux, remplie de métaphores (souvent visuelles) même si je n'en comprend même pas la moitié.
Je comprend cependant enfin la dimension allégorique des combats de ce style, chose que je n'avais absolument pas compris deux ans plus tôt avec "Tigre et Dragon" dont on se moquaient allégrement au collège avec les copains : " mais mdr c'est quoi ce film d'abrutis avec des mecs qui vol, qui saute de branches en branches en poussant des cris débiles, épée à la main".
Alors que pourtant, depuis tout petit, tu me fou des épéistes dans une oeuvre et ma subjectivité parle toute seule :)


"Héro" me marque donc profondément, surtout que j'adorais Jet Li à ce moment là mais je ne le connaissais que dans des films d'action sans fond, là je le découvrais dans un rôle totalement différent.
Je ne revois pas le film avant pas mal d'années, et mon avis parfaitement subjectif mûris en moi au point que je le place sur une sorte de pedestal.
Pour moi à ce moment, le film est grandiose. Mais l'est il réellement?
Le temps passe, je deviens un homme, chaque année ma maturité grandis , chose évidente.


Je fini par le revoir alors âgé d'environ 23 ans et là... c'est la désillusion.
Je trouve toujours le film beau mais la poésie me parait... forcée... simpliste..." j'ai deja vu mieux" je me surprend à penser.
J'ai vu pleins d'oeuvre (films, jeux videos, bouquins, etc) mieux foutus à ce niveau là que ce film.
Je trouve toujours Hero très intéressant et agréable à voir, mais il n'a plus l'aura inconditionnelle d'avant, et encore même en écartant ma subjectivité elle persiste toujours un peu.
Alors pourquoi cette note encore aujourd'hui?


Je le revois vers mes 28 ans avec un oeil totalement nouveau.
Et là je me rend compte que je n'avais compris jusqu'ici que, peut être, 30% du film et des discours / références / métaphores sous jacente à la réalisation, aux partis pris, le tout englobé dans une culture asiatique que je pensais bien connaître et que je redécouvre en regardant un film que je pensais ancré dans mon âme.
Je revois pertinemment les défaut que j'avais noté pendant mon visionnage 5 ans plus tôt, mais je découvre une autre forme de richesse.
Et ce qui faisait la force du film qui a heurté profondément ma sensibilité quand je l'ai vu à l'âge de 15 ans est toujours là même si je l'analyse mieux maintenant, et , malgré la précédente désillusion, cette fois tout cela prend totalement son sens maintenant que je le vois avec des yeux de quasi trentenaire.


Et je pense que c'est valable pour un nombre incalculable de films... et c'est ce qui fait la richesse du cinéma d'ailleurs.
Au final tout nos jugements face à une oeuvre font écho à une forme de subjectivité imparable.
Un film on le voit dans un carcan : temporel, oui, mais aussi de contextes.
Quand j'analyse ce tout, je me rend compte de ce qui faisait que je clamais haut et fort que "Hero" était le film le plus magnifique que j'avais vu de ma vie, du haut de mes 15 ans.
Puis je me rend compte qu'a chaque visionnage, ces carcans étaient là pour guider mes impressions.


Après un total de 3 visionnage dans 3 contextes totalement différents, suis-je enfin proche de la vérité?
Non, car il n'y a aucune vérité dans mes propos.
Cette "vérité" de la critique est un fantôme fugace dénué de sens.
Et je me rend très bien compte avec mon petit story telling ici.
Ou alors dois-je dire que ce film mérite la note que je lui attribues justement parce qu'il a une histoire par rapport à ma vie? Aurais-je tort de procédé ainsi?
Après tout, quelqu'un qui le visionnera pour la première fois dans un contexte défavorable sans aucun strike sur la sensibilité du spectateur, n'aura absolument jamais le même opinion que moi.


Oui j'énonce ce que beaucoup peuvent considérer comme des évidences.
Mais il est bon de le rappeler. Et de rendre hommage, non pas à ce film en lui même, mais à ce qu'il représente personnellement pour moi.


N'hésitez jamais à revoir des films que vous ont déçus fut un temps lointain, ou qui vous ont totalement enchanté. Aujourd'hui tout pourrait être différent. Et cela sera différent plus loin encore dans le futur. Ce n'est jamais une tragédie ni un drame, peu importe dans quel sens un nouveau visionnage vous dirige. Au contraire, c'est bien tout ça qui rend une oeuvre captivante. Face à une oeuvre, il n'y a aucune boucle.
Tout est muable comme la vie que l'on mène.


Merci d'avoir lu !

Alluren
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Créée

le 23 mars 2021

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Alluren

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