The Battle at Lake Changjin s'impose d'emblée comme le plus gros blockbuster chinois, au vu de son budget faramineux équivalent à 200 millions de dollars. Le projet est tellement ambitieux qu'il a nécessité trois réalisateurs accomplis pour le mener à terme. D'autant plus qu'il s'agit de mettre en scène un moment décisif de la guerre de Corée, où l'armée chinoise a affronté les forces des Nations unies, dans un froid glacial, au cœur du réservoir de Chosin. Produit à la demande d'un service de propagande chinoise, le long-métrage n'échappe pas à la glorification excessive de son pays et ses instances décisionnaires. Chen Kaige, Dante Lam et Tsui Hark proposent une reconstitution militaire impressionnante, déjà dans son nombre gargantuesque de figurants (70 mille soldats), mais aussi pour le spectacle pyrotechnique et les scènes de bombardement aérien qui sont éblouissantes. Les money shots sont affinés, en particulier les ralentis Snyder-esques ; reste juste un montage parfois cheap. Les plateaux sont immenses, aidés par les jolis paysages alentours, et une photo travaillée. On apprécie également la lisibilité de l'action au vu de son ampleur. Ce grand spectacle s'avère lourd sur 3h, faute à un déséquilibre narratif, et des séquences de guerre répétitives (pendant 2h). Hormis les plans galvaniseurs patriotiques et les barouds d'honneurs exagérés sur une musique fanfaronnante, la dramaturgie est peu développée ; les cinéastes préfèrent enchaîner les bravades guerrières, sur une BO générique paradoxalement très américanisée, à l'encontre des vils occidentaux que les fiers soldats sacrificiels ont repoussés.