Si Heroic Brothers avait un intérêt, au-delà du caïd démagogue qu'interprète Shing Fui-On c'est pour cet état des lieux sociétale sous couvert d'un film d'auto-justicier. Hong Kong est ici gangrenée par la drogue qui tue sans distinction de sexe, de classe sociale et d'âge. Le tableau dépeint est sombre. Pour laver les rues de cette drogue donc, un homme s'élève dans l'ombre. Lam Wai qui a subi un épisode tragique par le passé se met en chasse. Conséquence de cet épisode tragique, il troque costume, cravate et grosse lunette de vue pour une veste kaki militaire et des lunettes de soleil style aviateur. Il s'équipe d'un gros calibre et s'attaque à la criminalité. Quant à Alex Man, bouffi (on imagine son hygiène de vie du moment) est de ces policiers de cinéma qui n'en font qu'à leur tête. Il écoute d'une oreille sa hiérarchie et défouraille lorsqu'il le peut. Une caractéristique de ses passages à l'action est son survêtement blanc de la marque française au crocodile. Il le revête lorsqu'il tire dans tous les sens. Il ira d'ailleurs jusqu'à épouser et défendre la « Cause » de ces assassinats de malfrats. Il ne serait pas révéler l'intrigue que d'écrire qu'il formera d'ailleurs un duo tonitruant avec le « revenger » et offrir ainsi un dénouement final à la hongkongaise, c'est-à-dire explosif (tout est relatif en terme d'explosivité hein ?).
Le réalisateur James Wu Kuo-Ren ne s'épanche pas plus que ça sur les travers de la société hongkongaise. Il développe un récit expéditif voire réac' comme la réponse donné à ses « auto-justiciers ». Il tombe dans des facilités scénaristiques qu'on passera puisque le but de ce long-métrage est de nous montrer la Vox populi (surtout personnelle) nettoyer les maux de la société. Je suis ici très caricatural à l'image de cette histoire décrite dans ce Heroic Brothers. Une petite production qui montre son lot de gunfights et exulte ce sentiment exacerbé de vigilantisme. Si l'on met de côté tout cela, il serait également intéressant de se pencher sur le titre du film et sa traduction. On verrait ces auto-justiciers comme des héros par la bravoure dont ils font preuve à combattre le crime. Il en serait de même du titre alternatif qu'on lui connaît : Boisterous Kids. Traduit aux mots cela donne « enfants violents ». Qui sont ces « enfants violents » ? Les auto-justiciers, enfants de la société ? Dans tous les cas, Heroic Brothers sauvera en fin de métrage la « bonne morale », au-delà de son message pro-vigilantiste. Ouf !
Heroic Brothers est un film d'action qui se laisse regarder. Il n'a rien d'exceptionnel comme bon nombre de production de cet acabit réalisée dans les années 90. Il fait passer le temps. Il n'échappe pas à quelques scènes superflues. En bref, si vous voulez voir un Lam Wai en justicier impassible, un Alex Man bouffi mais quelque peu cabotin et un Shing Fui-On en chef de triade des plus exalté, ce film est pour vous.
(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2012/02/27/heroic-brothers-1991-james-wu-kuo-ren-avis-critique-review/)