Fable moderne inspirée des films de Capra, Héros malgré lui narre les péripéties d'un escroc sans le sou qui sauve les passagers d'un crash d'avion mais qui se voit voler la vedette par un clochard opportuniste. Et alors que notre héros mal rasé galère à joindre les deux bouts, croulant sous les dettes et bientôt incapable de voir son fils, son usurpateur devient une star nationale, un modèle américain, un nouveau riche fringant qui tombe une journaliste elle aussi rescapée du crash. De quoi enrager.
Autour d'un scénario malin écrit par David Webb Peoples (nommé aux Oscars pour Impitoyable), Stephen Frears nous entraîne dans un monde sans pitié où les faux-semblants sont de mise, où les gens bien n'existent pas vraiment et où la justice n'est rien sans les médias. Critique acerbe de l'Amérique du début des années 90, prête à créer coûte que coûte des héros pour se sentir exister, Héros malgré lui n'est en rien une comédie hilarante peuplée de gags et de situations cocasses mais plus un drame urbain décomplexé dont on attend l'issue finale avec une certaine impatience.
Mené par un Dustin Hoffman taciturne au possible, un Andy Garcia aussi charmeur que touchant et une Geena Davis éclatante (la scène où elle décortique le métier de journaliste avec un oignon est d'un brillant), le long-métrage s'avère réjouissant bien qu'un poil longuet, certaines séquences ayant pu être raccourcies. Pour autant, Héros malgré lui bénéficie d'une mise en scène élégante, de seconds rôles truculents (Chevy Chase en directeur de chaine TV notamment) et d'une histoire originale qui aurait tout de même pu bénéficier d'un ton un peu plus plus léger.