Valide.

Hesher c'est loin d'être la base du cinéma américain, et c'est loin d'être un film d'une qualité irréprochable. Disons le d'entrer, il y a des faux raccords, quelques incohérences, et, même s'ils se font rares, des passages où les acteurs se rendent compte que leur texte est pas écrit au poil. Mais c'est pas grave, parce que la forme, aussi simple soit-elle, met malgré tout en valeur le fond de l’œuvre. Si certains n'y voient là qu'un film sans réel sens à la morale niaise abordée d'une manière aussi délicate qu'avec un bulldozer, j'y vois là personnellement (et c'est purement subjectif) un film disons "incompris" (le mot est mal choisi mais l'idée est là) qui ne souhaite pas se démarquer, qui souhaite juste exister pour exister. Ce film se torche avec les rares codes cinématographiques encore présent aujourd'hui, aussi bien au niveau de la réal, du montage, des plans, que même de sa promotion. Là où la bande annonce a l'air d'annoncer un film amusant, révèle finalement une ambiance constamment pesante, et loin d'être drôle. L'affiche du film en elle-même est également loin d'être révolutionnaire et veut avant tout se faire passer pour un film d'ado, metalleux (non parce que mettre en avant Portman comme une pouffiasse à lunettes, et Joseph Gordon-Levitt comme un jeune metalleux), alors que non. Les acteurs jouent globalement bien, mention spéciale à la réal pour avoir réussi à faire jouer correctement un gosse dans un tel film, l'histoire est poignante, et certains plans sont plus réfléchis au sein même du film (à moins que ce soit de l'art incompris, mais laissez-moi croire ce que je veux). Prenons comme exemple toutes les scènes Avec TJ (le gosse), le père et Hesher (Levitt), le jeune rebelle est constamment entre les deux autres, reste passif, tout en étant élément déclencheur de l'ensemble d'une tension déjà omniprésente. Il reste spectateur tout en étant acteur, il comprend ce que les autres ne comprennent pas, anticipe et se donne l'air d'un gosse immature de 17 ans, alors qu'il a clairement l'esprit de quelqu'un qui en a le double, car tout ce qu'il fait, dit, a l'air presque calculé. Il sait comment les choses vont se passer, il suffit d'écouter l'histoire absurde du serpent et de la souris racontée à la grand-mère. Hesher, c'est l'enfant raté dont personne ne veut, et qui n'a pas réussi sa vie, et qui fait en sorte de permettre aux autres d'avancer. Il a l'air impulsif, et irréfléchi ? Songez-y à deux fois. Et le rôle que tient Portman y est pour quelque chose. La musique joue également un certain rôle dans le film, nous donnons l'impression qu'elle sera un peu l'élément déclencheur d'une situation, alors que franchement, des fois, elle est juste là pour retranscrire l'état mental du gosse, ou pour tromper le spectateur. Ou juste pour dire que y'a du metal dans le film, ce qui est valide également.

Beau film, écriture pas folle, mais suffisante, et un poil cynique, réalisation sympathique, un semblant de renouveau du cinéma dans quelque chose qui sonne comme clairement trop banal, et surtout, un fond correctement abordé, et une fin touchante, qui est même en capacité de donner le sourire aux lèvres.

Conseillé o/