“Le cerveau d'Himmler se nomme Heydrich.”
Adaptation cinématographique du roman éponyme retraçant en partie l'histoire de la montée au pouvoir du chef du service de renseignement de la Schutzstaffel et l'orchestration de son assassinat.
1931, Dépossédé de ses perspectives de carrière dans la marine allemande, renvoyé à la suite d'une affaire d'adultère, Reinhard Heydrich s'affilie au parti national-socialiste des travailleurs allemands par l'intermédiaire de son épouse déjà fervente nazie.
Quelques jours plus tard il se rendra au domicile de Heinrich Himmler pour s'entretenir directement en avec lui. Le chef de la SS, impressionné par l'ambition de cet interlocuteur, confiera alors à Heydrich la tâche de créer et de diriger un service de renseignement pour le partie nazi.
Bras droit froid et calculateur de Himmler, Heydrich deviendra ensuite chef du RSHA (organisme incluant notamment la Gestapo), il sera mandé par Hitler pour assurer le protectorat de Bohême-Moravie en Tchécoslovaquie et aura en parallèle pour mission de définir "la solution finale".
1942, Jan Kubiš et Jozef Gabčík des soldats tchèque et slovaque ayant rejoint la résistance et suivi un entrainement en écosse se portent volontaire pour une mission secrète aussi ardue que risquée, éliminer l'homme au cœur de fer.
Cédric Jimenez nous dresse le portrait effroyable d'un des hommes les plus dangereux du XXème siècle au travers de ce mélange de film historique et de film d'espionnage.
Le métrage est découpé en deux parties :
La première partie retrace ainsi l'accession au pouvoir de Heydrich, la mise en place de son service de renseignement et ses exactions.
La seconde narre comment un groupe de résistant tchécoslovaques va organiser la mise à mort du monstre à Prague.
Interprété par Jason Clarke, Heydrich est un homme doté d'une rigueur glacial presque mécanique et d'une absence quasi absolue de compassion aussi bien pour ses opposants que pour ses proches.
Détestable au possible, brutale et intérieurement instable mais ne laissant transparaître rien, sans pourtant pousser à l'exagération Heydrich semble révéler une effrayante authenticité tant il souhaite faire preuve d'efficacité. On comprend alors nettement pourquoi et comment le Führer lui aura donné la tâche qui coûtera à l'espèce humaine d'innombrables vies.
Jan et Jozef quant à eux incarne tout l'opposé, amis, jeunes et chaleureux, aimant la vie, ils s'engageront dans une mission qu'ils savent extrêmement dangereuse avec des moyens quasiment inexistant. Parachutés en terrain occupé ils pourront tout de même compter sur une poignée de contacts et d'amis et feront ainsi d'heureuses rencontres en ces temps des plus sombres. Malgré tout, ces derniers devront alors préparer tant bien que mal l'un des plus gros coup qu'un groupe de résistant portera au Reich.
Le fait que le film soit découpé en deux partie permet de mettre en place une certaine dualité entre les personnages, évidemment étant foncièrement opposés de base de par leurs natures la chose et aisée mais ce jeu de miroir marche plutôt bien bien que pouvant parfois être perçu comme une indécision sur la direction que doit prendre la narration.
Le film est axé sur un moment charnière qui est évidemment l'assassinat de Heydrich, lorsque tous les protagonistes sont réunis. Scène que l'on aperçoit à ainsi deux reprise et selon un angle de vue différent et qui prend tout son sens à la deuxième visualisation aussi bien sur la mise en scène que sur le thème musical que j'avais précipitamment jugé peu adapté et qui se trouve alors des plus appropriés à sa seconde itération. Meilleur passage du film le réalisateur a bien su exprimer toute l'urgence de l'instant.
Il y a également trois scènes de mort assez intéressante visuellement notamment la dernière, très belle, mais qui aurait pu être exploitée légèrement plus longuement et mener à une transition plus harmonieuse vers les plans finaux.
On regrettera toutefois la vitesse que prend la narration sur la vie de Heydrich au point de parfois légèrement nous perdre quant à certain repères temporels, heureusement, certains détails ou les dates souvent spécifiées à l'écran permettent de s'y retrouver, mais non sans mal.
Heureusement à l'échelle du film, ces quelques accélérations ne nuisent pas au rythme et on tient les 2 h de bande sans réel passage à vide.
Le film présente aussi quelques transitions un peu maladroite voire abrupte à certain passage qui auraient pu être mieux travaillées.
Axé énormément sur les brutalités fomentées par les SS, malgré les nombreuses mises à mort et autres scènes difficiles, le film ne verse pas non plus dans la barbarie visuelle et restera visionnable pour les plus impressionnables.
Enfin, comme il est courant avec ce genre, ce n'est clairement pas un film qui plaira à tous les publics, malgré cela il reste assez accessibles même au moins bien informés et présente à travers ces événements et ce personnage une autre facette de l'Histoire du XXème siècle qui n'est pas toujours bien énoncées dans les manuels scolaires, voire tout bonnement méconnue.
Je ne saurai que conseillé aux plus motivés par le genre d'aller le voir directement en salle, et aux autres moins zélés mais tout de même curieux de "trouver d'autre moyens".