Reinhard Heydrich est investi d'une mission, faire de la Bohême-Moravie un territoire à la solde du gouvernement nazi. Celui qui fut à la tête des Einsatzgruppen SS (les commandos de la mort) sera en 1942 l'instigateur de la solution finale et deviendra le Reich Protector de Prague. Rien ne semble arrêter sa barbarie. Pour mettre fin à ses agissements, le gouvernement tchèque en exil en Angleterre ordonnera son exécution. Deux parachutistes tchèques largués sur place devront l'assassiner, le nom de code de la mission sera : "Anthropoïde". L'attentat aura lieu le 27 mai 1942 et Reinhard Heydrich mourra de ses blessures le 04 juin 1942. Ce fait historique fera l'objet de deux adaptations cinématographiques ; "Sept hommes à l'aube" de Lewis Gilbert (1975) et récemment "Anthropoïd" de Sean Ellis (2015). Pour se démarquer, le réalisateur français Cedric Jimenez (La French) abordera son film "HHhH" différemment. En adaptant le roman homonyme de Laurent Binet, Cédric Jimenez prefèrera le parti pris du biopic. En effet, Reinhard Heydrich (l'excellent Jason Clarke) nous est présenté en 1929 quand il n'est que simple sous-officier dans la marine allemande. Sa rencontre avec Lina (la troublante Rosamund Pike), celle qui deviendra sa femme, changera à jamais le destin de cet homme. Dans une première partie, Cedric Jimenez nous fait entrevoir la genèse du mal pour mieux nous confronter à lui par la suite (certaines scènes sont insoutenables). La deuxième partie du film sera, quant à elle, centrée sur l'opération "Anthropoïde" au travers de deux jeunes parachutistes, Jan Kubiš (Jack O'Connell) et Jozef Gabčík (Jack Reynor). Pour ce faire, le metteur en scène insistera sur le sens du devoir et du sacrifice de tout un peuple se battant pour sa liberté. Réalisé en anglais pour l'international, Cedric Jimenez nous livre un magnifique drame historique à la mise en scène élégante et au casting international (Mia Wasikowska, Gilles Lelouch, Céline Salette..). Durant 115', le metteur en scène met en exergue la montée inexorable du nazisme à travers le regard froid et méthodique d'Heydrich surnommé "le boucher de Prague" au cœur d'un récit ambivalent dans lequel, l'humain et l'inhumain se livrent une guerre sans merci.