Si les manettes du cerveau de Hitler étaient tenues par Himmler, elles l’étaient comme le titre l’indique également et surtout tirées par Reinhard Heydrich, étrange « héros » du film, et principal et terrifiant créateur de l’organisation germaniquement efficace du plus tristement célèbre génocide international européen du 20ème siècle.
Une mise en scène impressionnante, qui ose l’humanisation du boucher de Prague, nous embarque dans une première partie dans la vie d’un officier de Marine révoqué en 1929 et recyclé an général SS par une épouse militante de la première heure au NSDAP. L’irrépressible ascension de sa monstruosité, autoalimentée par ses massacres, méthodes d’espionnage, purges et invasions, nous est servie comme une claque qui nous laisse sans voix, malgré la saturation de films qu’on a pu voir sur la Seconde Guerre Mondiale.
La seconde partie est consacrée à l’attentat qui parvint à tuer le plus grand dirigeant nazi assassiné, à ses sanglantes et barbares représailles, et nous attache surtout à ses deux artisans, Jozef Gabcik et Jan Kubis, ainsi que leurs proches. Anthropoid était un film réussi qui leur était entièrement consacré, aussi le spectacle parait ici nettement plus synthétique. Pourtant la mise en scène poursuit son étonnante qualité, tant foudroyante, sentimentale qu’intime psychologiquement, et sait brillamment empoigner notre cœur comme notre attention. Une félicitation particulière pour la performance remarquable du rôle secondaire, fort et convaincant de Rosamund Pike.