Dans la filmographie de Louis de Funès, ce second film tourné avec Édouard Molinaro fait partie de mes favoris.


Ayant compris que Édouard Molinaro mettait très bien en valeur son travail comique, tout en proposant une mise en scène plus dynamique et surtout plus originale que celle de Jean Girault par exemple, Louis de Funès paraît donner de sa pleine puissance. Il est au sommet de son art : entre les mimiques, le rythme de sa diction et les inventions gestuelles, son jeu est extraordinaire de précision et de justesse.


Le scénario met parfaitement le personnage de Louis de Funès sur les rails de la folie. Peut-être que ce scénario est un peu déséquilibré, avec deux parties absolument différentes, par leurs enjeux ? En effet, la césure provoquée par le réveil de l'hiberné marque une rupture brutale. Cependant, cette dichotomie ne me dérange pas plus, dans la mesure où le rythme comique est sauvegardé.


Certes, l'unité de lieu et de temps dans la seconde partie pourrait laisser à penser que le film s'essouffle après une première partie mouvementée, mais en l'occurrence, la fièvre qui anime Hubert de Tartas devant la place de plus en plus gourmande que prend Paul Fournier prend le relais et Louis de Funès laisse se développer en lui une vague de plus en plus grosse d'excitation et de crainte jusqu'à l'apothéose pleine de démence qui clôt le film en un éclair.


A la fin, on est un peu déçu que ce soit déjà fini. Le film est plutôt court, ne dépassant que de peu l'heure vingt.


D'autre part, ce film est l'un de ceux qui mettent très bien en scène l'acolyte adorable Claude Gensac dans la filmographie de Louis de Funès. Ici elle est parfaitement utilisée. Sans être la nunuche habituelle, son personnage sait faire preuve au contraire de caractère face à la pile électrique defunésienne.


Leur couple, obligé de se faire la cour à nouveau, est si ce n'est émouvant du moins dans une posture qui laisse apparaître beaucoup de tendresse entre eux, une complicité dont il est agréable en tant que spectateur de sentir la chaleur.


Outre le fantasme personnel que représente cette pétulante Claude Gensac, il en est un autre qui fait rêver ici : le voyage temporel auquel est livré le personnage de l'hiberné. Le film m'a toujours fasciné pour cette histoire, laquelle fait irrémédiablement penser au joli texte de René Barjavel ("La nuit des temps"). Le bond incroyable qu'il fait et qu'on mesure à la fin du film laisse le bonhomme pantois et c'est pas loin de ce que ce conte merveilleux pouvait susciter chez le jeune bambin que j'étais lorsque j'ai vu le film la première fois.


Depuis, je revois cette farce régulièrement avec toujours autant de délectation, comme on va voir une vieille tante, une fois l'an, en pèlerinage.


On y retrouve un Claude Piéplu excellent, montant dans les aigus quand Louis de Funès ose le défier ou au contraire, un Michael Lonsdale froid, à la voix si basse, ou bien encore un Paul Préboist très bon en domestique un peu simplet et bien entendu le souffre douleur de son patron. Une mention spéciale pour Pascal Mazzotti, un acteur qu'on voit par-ci par-là mais dont le nom nous échappe la plupart du temps : il est ici très bon, au diapason d'un Louis de Funès plus que volcanique.


Bref, un très bon cru pour les aficionados de Louis de Funès ! Un immanquable !


http://alligatographe.blogspot.fr/2016/03/hibernatus-funes-molinaro-gensac.html

Alligator
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le 28 mars 2016

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