Ramzy Bedia a réalisé ce premier film que tout le monde semblait attendre depuis qu'Eric Judor,moitié de son duo comique, avait sorti films ou séries. On comprend qu'endosser la casquette de réalisateur pour Ramzy était comme se mesurer à son pote de scène mine de rien. On a trouvé meilleur fauteuil.
Au niveau du contenu, le film se rapproche de celui où l'actrice Julie Depardieu se vivait invisible aux yeux du monde ( La femme invisible d'Agathe Teyssier). Au niveau de la forme parfois outrancière avec ce costume de hibou, on se sentirait presque dans l'univers de Spike Jonze dans la peau de John Malkovitch. Et s'il y a une certaine incongruité, c'est l'adéquation entre le propos et le costume. Que Ramzy décide que son personnage de Rocky (hommage non caché à Stallone) en mal de visibilité et de reconnaissance sociale utilise un costume de hibou (suite à la présence d'un grand-duc chez lui) pour attirer l'attention aurait été intéressant si son personnage aurait eu des armes plus incisives pour se coltiner avec ceux qui le méprisent allègrement (ses collègues de travail, la fille de l'accueil de son entreprise). C'est ce côté grand rêveur maladroit qui patauge et essaye d'exister sans vraiment comprendre la finalité de ses gestes qui dérange. Ramzy, en adoptant le point de vue d'un personnage qui aurait plus de ressources, aurait emporté le morceau car le spectateur aime plutôt le naïf réactif que le naïf démuni (qu'Albert Dupontel campe à merveille par exemple).
Par contre, l'évolution du personnage de Rocky se fait et il parvient à questionner sa perception du monde et des gens par moments. Je pense que c'est l'essentiel de Hibou de montrer un être qui retrouve des moments de clarté. Soyons honnêtes aussi de dire que le film prête plus sourire qu'à rire car son étrangeté n'est pas non plus au diapason avec une pure drôlerie.
Au final, un premier film qui partait sur de bonnes idées à la base et se perd un peu en route dans ses intentions et dans des costumes et des situations qui desservent l'impact des dialogues. Je pense que Ramzy, avec le temps, parviendra à gagner en lisibilité , dans son style de réalisation. Un réalisateur ne se fera jamais dans son premier film mais sur la longueur. La situation n'est donc pas désespérée.