La bande-annonce d'Hibou avait attisé ma curiosité, car il faut bien l'admettre, l'idée d'un homme déambulant dans un costume de hibou au sein de notre société sans que cela perturbe les gens, c'est une bonne idée. La première réalisation en solo de Ramzy Bedia; dont il est aussi le scénariste et le premier rôle; avait la capacité de me sortir du quotidien avec une touche poétique attendrissante. Il y parvient pas moments, mais l'oeuvre reste bancale, tout en étant agréable.
Rocky (Ramzy Bedia) est un gentil, du genre à ne déranger personne, au point d'être invisible aux yeux du monde. Sa vie se résume à son travail peu stimulant et ses boites de thon, jusqu'à ce qu'un hibou apparaisse sur son canapé. Sa présence va doucement bousculer sa vie, surtout lorsqu'il va faire la rencontre d'un panda (Elodie Bouchez).
Dès que l'on aperçoit la silhouette dégingandée de Ramzy Bedia avec ses vêtements trop courts, on pense à Jacques Tati. Ce n'est pas un hasard, il fait parti des influences du réalisateur/acteur/scénariste avec Michel Gondry, Spike Jonze, Charlie Kaufman, Quentin Dupieux et Tim Burton. Ce personnage lunaire semble tout droit sorti d'un film burlesque muet de par sa manière de ne pas exister aux yeux du monde. Il est touchant, surtout que ses collègues de travail sont des clichés insipides de la société actuelle. Une société dont on se demande où elle se trouve : France ? états-unis ? Québec ? Ce dont on est sure, c'est que nous sommes bien au 21ème siècle avec l'importance qu'a pris les smartphones dans notre quotidien, surtout pour prendre des photos, ce qui n'était pas vraiment sa fonction première....
Cette fable est gentille. On ne peut pas détester un film fait avec le cœur, surtout quand il y a un panda dedans. C'est tendrement émouvant et parfois drôle, mais sans jamais être méchant. Ramzy Bedia aurait pu s'aventurer dans l'indifférence des gens, vers ce trouble que cela procure. Mais il a choisi de nous conter une histoire accessible aux petits, comme aux grands. C'est surement dû au fait que l'idée a pris forme en imaginant un récit pour endormir sa fille. Cela ne fait pas de mal dans cette période sombre. Sa naïveté est attendrissante, elle apporte de la douceur dans nos regards. On suit son aventure avec plaisir, même s'il y a des hauts et des bas, avec surtout un montage approximatif.
On trouve aussi son bonheur avec la présence de plusieurs amis de Ramzy Bedia. Ils ne se contentent pas de faire d'amicales apparitions, en participant à l'évolution du récit. Après sa prestation formidable dans le très décevant La Tour 2 Contrôle Infernale, Philippe Katerine confirme son talent comique. Son rôle est proche de celui qu'il a construit dans sa carrière musicale et il s'en inspire en lui donnant un côté décalé. En même temps, tout les personnages sont décalés et portent des vêtements trop courts. Cela symbolise leur gentillesse en étant en dehors des normes de la mode. Comme Franck Gastambide qui a un vrai rôle de composition capillaire. Mais parmi tout ce beau monde, il y a Elodie Bouchez. C'est la princesse dans le cachot du château du sous-sol au fin fond de l'animalerie. Sa voix est un enchantement, comme son regard. Elle est magnifique en Panda et forme un beau duo avec Ramzy. Son sourire vous hantera jusqu'à la fin de vos nuits et on ne va pas s'en plaindre.
Un premier essai intéressant, malgré un scénario bien mince. Le film fonctionne grâce à la poésie qui se dégage de sa bonne idée. Ramzy Bedia a su prendre le meilleur chez ceux qu'il a côtoyé et l'ont influencé, il ne manque plus que de la profondeur pour rendre son univers envoûtant.