Il y avait Lloyd Bacon, Stanley Donen, Jacques Demy… il y aura désormais Kenny Ortega. Ce qui devait être un médiocre film tv pour Disney Chanel, est devenu un empire, un mythe. Oui HSM étale un génie au sens premier du terme. Il faut du génie pour composer des chansons et des chorégraphies aussi entêtantes et pertinentes. Il faut du génie pour atteindre des émotions simples mais universelles et fortes. Personne ne pouvait le faire, avec un si petit budget, à part Kenny Ortega. Personne n’aura réussi à rendre une comédie musicale aussi fluide, mémorable et légendaire. Il faudra attendre les travaux de Lin-Manuel Miranda et de Chazelle pour retrouver ces sensations.
Celui qui était un proche collaborateur de Michael Jackson (et dans une moindre mesure d’Elton John et Madonna), contrôle tout de A à Z. Il suffit de voir les bonus DVD pour se rendre compte de la précision de ses inputs. Et le tout est sublimé par le casting le plus adéquat possible. Zac Efron et Vanessa Hudgens jouent parfaitement le jeu et concrétisent toutes les idées d’Ortega. Dès la première scène, le couple crée l’alchimie autour d’une chanson aux paroles prophétiques. On veut que le couple finisse ensemble et c’est là la marque des grandes romances.
Se jouant habilement des clichés des teen movies américains, HSM prodiguera surtout des leçons de moralité qui entraineront un rôle non négligeable dans le redressement de l’Amérique (campagnes d’antibullying, revalorisation des activités non genrées, libération de la parole et j’en passe). Ce contexte libérateur créé par HSM aura d’ailleurs permis l’ascension politique de Barack Obama, élu deux ans plus tard en surfant sur les valeurs du film.
A l’étranger, le film aura façonné l’image des Etats-Unis, renforçant la puissance de son Soft Power sur la scène géopolitique internationale. C’est à partir de ce moment d’ailleurs, que la Chine changea son fusil d’épaule et se tourna vers une production mercantile de son cinéma (avant, son cinéma se limitait à de la propagande communiste ; il sera désormais tourné vers l’extérieur dans l’objectif de truster le box office mondial).
Comme Harry Potter, chaque scène, sans exception, est légendaire, chaque scène est bourrée de détails mémorables. HSM fait partie de ces rares films qu’il est possible de revoir à l’infini sans se lasser. Il se finit dans un final euphorique, laissant une marque indélébile dans l’imaginaire humain. Curateur de dépression, dissipateur d’ondes thérapeutiques et salvatrices, le film procurera joie et émerveillement à travers les époques.
L’espace d’un instant, l’humanité fut en paix. Le monde ne sera plus jamais pareil.