Il ne peut en rester qu'un... enfin, selon la planète
"Highlander" fait partie de ces franchises dont l'on garde un bon souvenir. Et puis ensuite, on revient un peu dessus, on penche à nouveau son intérêt sur les multiples opus qui composent la saga et là, horreur, on se rend compte qu'à part le film fondateur, le reste tient du gloubi-boulga. "Highlander 2" est l'archétype du départ dans les couilles, un départ rapide, soudain et puissant, que rien ne laissait présager, surtout pas après un premier opus réussi. Même "Alien" et "Predator" ont réussi à avoir une suite potable, mais non, pas Highlander, non. Après m'être penché sur la fiche imdb, des flashs soudain m'assaillirent, de douloureux souvenirs, de "peau de couille" et de récit complètement stupide... Pour essayer de laisser une chance au long-métrage, je décidais d'acquérir la version "Renegade". Parce que oui, Mulcahy en avait si honte qu'il a apparemment désiré livrer sa "vraie" version, une director's cut gommant les erreurs récriées par les fans. Ha ha ha, naïf que j'étais !
Le long-métrage démarre sur les chapeaux de roue. Un Connor McLeod vieillissant regarde un opéra et, pendant que Christophe Lambert semble se demander l'intérêt d'un tel maquillage raté, son personnage, lui, est assailli des mémoires de son passé. Non, pas le premier opus, ha ha, que vous êtes bête. Le VRAI passé de Connor McLeod, celui de leader de la révolte sur la planète Zeist, d'où il est originaire, comme tous les immortels. Là, vous pouvez arrêter de lire et conserver votre santé mentale intacte. Si vous voulez réellement faire un énorme étron acide sur la mythologie d'Highlander... on continue ! Donc, sur Zeist, Ramirez était un leader spirituel et McLeod le chef d'une armée de... Fremen de Dune. Dans un paysage désertique. A la Dune. Contre le Général Katana. Eh oui, le Général Katana, sur Zeist, qui ressemble à Arrakis. Bref, ils échouent lamentablement et, dans un décor en carton-pâte, ils se font jugés par des prêtres muets mais télépathes. Leur peine ? Être envoyés sur Terre, dans le futur, où ils seront obligés de s'affronter, immortels, pour se mettre à mort uniquement par la décapitation. Dès qu'il n'en restera plus qu'un, il se verra offrir le Prix : mourir comme un vieux sur Terre, ou revenir sur Zeist. Ouais ouais ouais. Du coup, McLeod, au passage, a profité de sa vieillesse pour mettre au point un bouclier électro-magnétique afin de protéger la Terre contre les rayons du soleil, devenus dangereux après la disparition de la couche d'ozone. Mais si la couche d"ozone s'était reformée d'elle-même et que la corporation à l'origine de la maintenance du bouclier n'en dise rien ?
Oui, je sais. Le pitch, c'est tout ça. Le pitch est un incroyable vomi, d'une totale WTF. On est en 1990, quand même. J'veux dire, Alien est passé par là, 2001, Blade Runner, des films qui ont montré qu'on peut faire de la SF sans être cheapos. De la SF qui ne sent pas le tournage à l'arrache dans les rues glauques d'une petite ville d'Europe de l'Est (bon, ici, d'une ville d'Argentine, pour la peine). Et même, en fait, c'est Highlander, bon sang de cul : pourquoi on essaie d'insérer au forceps de la SF dans un film fantastique ? Connaît-on un seul succès qui ait réussi à percer en alliant de façon cohérente une magnifique SF pas du tout plastoc et un fantastique absolument archétypale ? "Event Horizon" ? Ha ha ha, non. D'autant que le film ne se contente pas d'une histoire (l'arc avec le général Katana - putain, général Katana quoi - qui veut ABSOLUMENT tuer McLeod parce que... mais parce que bordel !) mais se permet d'en insérer deux en même temps (allez, tiens, prends donc ça), du même acabit, puisque cette histoire de bouclier thermo-magnétique de mes couilles tient quand même bien le WTF. A peine est-elle édictée par une voix-off qui respire la conviction qu'on a déjà compris où elle nous menait, cette histoire-là. Du coup, si en prime elle n'apporte rien de plus que ce qu'on devine immédiatement, à quoi bon ? Avoir un récit en filigrane ? Nan mais Bobby, là, ton film part déjà en quenouille, t'es sûr de vouloir dealer avec deux fois plus de n'importe quoi ? En tout cas, le viol constant de la mythologie mise en place dans le premier est à ce point total et arrangé de façon vulgos qu'un des personnages du film ne manque pas de relever l'impertinence du principe d'immortalité. Et McLeod de lancer un "it's a kind of magic". Mec, sérieux. Arrête.
Au milieu de cette enfilade de n'importe quoi, on a quand même des séquences à noter - non parce qu'elles sont cools, mais parce qu'elles parviennent à être pire encore que les précédentes. J'ai relevé surtout ma petite favorite, la romance, expédiée en mode fort : le héros redevient jeune, se retourne vers la protagoniste qu'il ne connaît que depuis vingt-cinq minutes et lui dit "je suis Connor McLeod, du Clan McLeod, et je ne peux pas mourir". Là, elle, elle tombe la petite culotte et ils baisent comme des cabris comme ça, en pleine rue. Voilà donc le secret : c'est l'immortalité qui les attire ! Et encore, c'est quand le film se contente d'être sexiste. Il y a aussi les séquences avec Micheal Ironside, le pauvre livrant tout ce qu'il peut dans le rôle de l'inénarrable Général Katana, méchant par principe, totalement ridicule, qui parodie même Kurgan lorsqu'il kidnappe la copine à McLeod dans le un. Mais dans un métro. Avec un rire forcé. D'après Imdb, il aurait dit qu'il détestait le script, comme tout le monde et n'aurait continué que pour l'argent. Une franchise qui l'honore, pour une prestation particulièrement maltraitée. On notera aussi les ravissantes scènes dans les rues de cette ville du futur des années 80 (alors qu'on est dans les années 90, quand même !) avec ce superbe ciel rouge ultra-sexy, wow. Ah oui, et la résurrection de Sean Connery : le quickening de McLeod qui rebondit sur le bouclier et va s'enfoncer dans les nobles terres d'Ecosse. Pourquoi ? POURQUOI ?! En tout cas, Sean n'a même pas l'air terrassé par la vacuité du long-métrage et tente même de faire bonne figure ! Lui qui n'était là que par amitié pour Christophe Lambert... je me demande s'ils sont toujours amis : ce genre de truc, ça nuit invariablement. Et les méchants mi-homme mi-porc-épique, qui ricanent comme des hyènes en tirant la langue comme s'ils voulaient pratiquer des cunis à la Terre entière.
Le film qui tua dans l'oeuf les velléités de franchise crédible d'Highlander. Si jamais Highlander 2 n'avait pas vu le jour, qui sait ? On garderait à l'esprit une image d'Highlander autre que celle de la série télé. On pourrait se bercer de l'illusion que la franchise se situe dans le panthéon, avec Alien, Terminator, Predator et consort, tout droit issus des années 80. Mais non, H2 est un plantage total, artistique et narratif. Ce n'est pas simplement un vautrage, parce que ça existe, merde, les vautrages.Non, Highlander 2 est LE vautrage. C'est ce genre de fail qui, munit d'une épée, a décapité tous les autres produits cinématographiques ratés pour se nourrir de leur force et devenir plus puissant encore. Highlander 2 est bien celui qui reste, l'unique. Ha... on me souffle dans l'oreillette que non, il y en a encore d'autres. Chouette, j'ai hâte de voir ça, ça ne peut que redresser la barre, non ? Non ?