Avant de se faire le chantre à la gloire de l’acteur Tom Selleck avec les sempiternelles pérégrinations du détective Jesse Stone qui possède une collection de téléfilms digne des BD Martine (Jesse Stone noie son chagrin dans l’alcool, Jesse Stone rompt sa quiétude pour courir après des tueurs en série, Jesse Stone joue les psychanalyste de comptoir tout en luttant contre ses propres addictions), Robert Harmon était aussi un modeste artisan de la série B, responsable de l’un des meilleurs road movie killing de sa génération (Hitcher). Ce genre mettant au prise un conducteur enragé ou bien un sérial auto-stoppeur semant des cadavres sur sa route. Depuis, il y a bien eu quelques tentatives d’émancipation avec John Travolta (Les Yeux d’un ange) et JCVD (Cavale sans Issue), mais jamais le réalisateur ne sera parvenu à réitérer ce succès de prestige. Highwaymen est en quelque sorte son rejeton de prédilection, quelque part au croisement entre l’éminent Duel de Steven Spielberg et le plus mésestimé Crash de David Cronenberg, à ceci près qu’il ne s’attarde pas plus que de raison sur les chaires sacrifiées, et les traumas d’accidentés pour s’orienter plutôt vers un jeu du chat et de la souris pervers. Une femme se retrouve ainsi prise en étau entre deux fous du volants qui ont un vieux contentieux à solder sur l’asphalte et dans le sang. Ça promet.


Et pourtant, bien que le film ne veuille pas perdre de temps au démarrage, la mécanique se met à caler rapidement, bridé par le sort réservé au traitement de ses protagonistes qui paraissent assez fade à côté du duo anthologique formé par Rutger Hauer et Thomas Howell. Jim Caviezel sortait la même année du martyr de La Passion du Christ pour en retrouver un nouveau sur l’enfer du bitume. La haine comme carburant, la vengeance comme moteur, et la mort comme seule horizon. Il y a un adage qui dit qu'on fait toujours du mal à ceux qu'on aime mais il oublie de dire qu'on aime ceux qui nous font du mal. C’est à lui que revient le volant laissé vacant pour arpenter ce même environnement mortifère, pied au plancher, les yeux rivés vers son adversaire. La voiture devient même le parfait reflet de son conducteur, idée fort intéressante sur le papier, mais pas suffisamment exploité dans cette intrigue resserrée qui ne prend pas suffisamment le temps d’en perdre dans ses errements, et qui se précipite un peu trop assurément vers une traque à tombeaux ouverts qui n’a finalement rien de très spectaculaire. L’accumulation de poncifs et les artifices de mise en scène finissent même par entraver la bonne marche de l’entreprise qui se met alors à ripper de manière dangereusement excessive vers une fin consensuelle qui entre en totale collision avec le nihilisme ambiant préalablement établi. Si le flash-back traumatique était nécessaire pour pouvoir développer l’obsession vindicative de son héros ivre de vengeance et de colère, les ellipses au coeur de l’action ne suffisent pas toujours à restituer le sentiment de chaos et de confusion des carambolages. À l’arrivée, Highwaymen semble surtout s'être trompé de route avec ses deux chauffards qui tentent de combler leur impuissance par le vrombissement de leurs grosses cylindrées.


À ce que l’on dit, c’est le voyage qui compte, pas la destination, et les détours mortels surtout... Alors si toi aussi tu aimes bouffer de l'asphalte au sens propre comme au figuré, rend toi sur L’Écran Barge. Tu y trouveras quantité de sérial-autostoppeurs et de chauffards frustrés.

Le-Roy-du-Bis
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le 17 sept. 2024

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