Fantôme d'amour
Suite à la claque artistique et chaotique que fut Tetsuo en 1989, c'est la célèbre société de production Shochiku qui fait appel à Shinya Tsukamoto pour adapter le manga Yôkai Hunter, créé en 1974...
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le 9 juin 2023
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Ce qui fait de Hiruko the Goblin une œuvre remarquable, c’est-à-dire digne d’être remarquée, est l’excroissance qu’elle représente dans le cinéma de son cinéaste, d’ordinaire plus expérimental, ainsi que pour la compagnie japonaise Shochiku, fidèle aux cinéaste Mikio Naruse, Yasujirō Ozu et Akira Kurosawa, compagnie classique s’il en existe. Or, le long métrage enrichit le répertoire de cette dernière, pas de côté tant par le genre horrifique investi que par le dialogue qu’il entreprend avec le blockbuster américain des années 80 et du début des années 90 : sont explicitement cités Ghostbusters (Ivan Reitman, 1984) et The Thing (John Carpenter, 1982), empruntant au premier son détecteur d’entités paranormales, au second sa tête de laquelle sortent des pattes telle une araignée géante ; nous pensons aussi au cinéma de Joe Dante tant par son attachement à des héros adolescents ou jeunes adultes que par son approche horrifique, volontiers parodique d’un folklore, qu’il soit lycanthropique (The Howling, 1981), scientifique (Innerspace, 1987), lutin (Gremlins, 1984) ou japonais, ce qui est le cas ici. Le recours à différents types d’effets spéciaux, tous très réussis au demeurant, participe de cette ambiance artisanale si appréciable en nos temps de tout-numérique : la stop motion, l’animatronique et un peu de numérique – lors d’un finale qui n’est pas sans évoquer la clausule de The Abyss (James Cameron, 1989).
Le film vaut également pour la métaphore de l’adolescence qu’il file une heure et demie durant : le groupe d’amis se voit décimé, le protagoniste principal contraint de vivre avec ces deuils successifs gravés en lui – littéralement puisque les visages des disparus marquent sa peau par brûlures – et soumis à une initiation à la sexualité, suivant l’idée que tout voyage initiatique suppose une métamorphose. Partir c’est mourir un peu, disait Edmond Haraucourt… Nous retrouvons donc les thématiques chères au cinéaste, mais déclinées ici dans un récit et dans une forme plus ludiques et divertissants. Un manifeste anthropophage des plus délectables !
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il y a 7 jours
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