House and Freedom
Même si "His House" (spoiler !) n’est pas un chef d’œuvre, et même pas un grand film, il nous réjouit profondément par son originalité et même son audace. Parce qu’il tente un vrai renouvellement du...
Par
le 5 nov. 2020
13 j'aime
Voir le film
Disponible depuis hier sur Netflix His House est le tout premier long métrage du britannique Remi Weekes qui en signe également le scénario . Si le fil déboule à point nommé en cette période d'Halloween il se place très vite un cran au dessus du simple divertissement horrifique à mater confiné dans une saladier de bonbons et de pop corn. Le film de Remi Weeks fonctionne à plusieurs niveau et devient un terrifiant, poétique et dramatique film sur la crise migratoire et tous les fantômes qui vont avec.
Le film suit le destin tragique d'un couple qui fui le Soudan en guerre pour se retrouver en Angleterre. Dans leur fuite vers un semblant de liberté ils ont perdus leur fille qui s'est noyée en mer. En attente d'une éventuelle régularisation le couple se retrouve logé dans une maison limite insalubre qu'ils ne doivent pas quitter sous peine de se faire expulser vers leur pays d'origine. Lorsque la maison s'avère hanté par d'étranges esprits et fantômes le couple se retrouve contraint de devoir vivre et affronter ses présences terrifiantes.
His House est un film d'horreur sociale, un film dont l'argument horrifique et fantastique va servir un propos bien plus global et métaphorique sur la situations des migrants souvent contraint de fuir d'implacables cauchemars tout en conservant dans leurs esprits leurs fantomatiques souvenirs. Bol et Rial , le couple au centre du récit va se retrouver à plus d'un titre pris au piège d'une sorte de no mans land perdu entre les traumatismes de leurs passés, les fantômes de leur culpabilités , le poids de leurs traditions, le besoin impératifs de s'intégrer le tout en étant coincé dans un endroit hostile et perdu dans une banlieue labyrinthique qui semble vouloir les perdre au point de les inviter à retourner chez eux. Ce sentiment de n'être chez soit nulle part et encore renforcé par ce titre énigmatique His House qui implique sans le signifier que cette maison appartient peut être aux fantômes, à l'état, à leur statut social de migrants mais aucunement à eux en tant que personnes. Si la dimension "politique" et social du film est incontestable, Remi Weeks a la très bonne idée de ne jamais trop appuyé son propos et encore moins de sombrer dans une caricature qui aurait placé ce couple de gentils migrants face à un Angleterre ouvertement raciste et hostile .Si le couple doit faire face à une administration froidement procédurière quelques manifestations de racisme aussi bête qu'ordinaire et un sentiment d'être perdu , il doit avant toutes choses affronter ses propres démons pour trouver sa place.
D'un point de vu purement horrifique le film est franchement efficace et même si il s'appuie sur des mécaniques maintes fois éprouvées de tensions et de jump scare il s'avère être redoutablement efficace tout en installant un vrai sentiment d'angoisse sourde et anxiogène. Si dans un premier temps les séquences purement horrifiques ont un peu trop tendances à se ressembler, elles deviennent à mesure que le film avance tout à tour plus oniriques, plus métaphoriques, plus viscérales pour finir par devenir franchement sourdes et émouvantes. Il faut saluer la performance du couple Wunmi Mosaku et Sope Dirisu tout deux parfais dans leurs rôles respectifs offrant un portrait puissant, nuancé et aucunement didactique des chemins parsemés de souffrances et d'ombres des migrants.
Avec His House le jeune Remi Weeks frappe fort surtout pour un premier film. Loin des machines désincarnées et formatées pour faire sursauter les adolescents, His House est un film qui réussit l'exploit d'être tout à la fois intelligent, émouvant et flippant et même si l'ensemble est encore perfectible ça mérite d'être saluer avec respect.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2020 : Films vus et/ou revus et Les meilleurs films de 2020
Créée
le 31 oct. 2020
Critique lue 1K fois
12 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur His House
Même si "His House" (spoiler !) n’est pas un chef d’œuvre, et même pas un grand film, il nous réjouit profondément par son originalité et même son audace. Parce qu’il tente un vrai renouvellement du...
Par
le 5 nov. 2020
13 j'aime
Disponible depuis hier sur Netflix His House est le tout premier long métrage du britannique Remi Weekes qui en signe également le scénario . Si le fil déboule à point nommé en cette période...
Par
le 31 oct. 2020
12 j'aime
1
Rémi Weeks propose une déclinaison des codes du genre, sans surprise mais sans abuser d'effet. Le cinéaste joue de sons et de jeux de lumière et offre des apartés visuels d'une belle symbolique où...
Par
le 6 nov. 2020
11 j'aime
4
Du même critique
Depuis longtemps, comme un pari un peu fou sur un avenir improbable et incertain , Clément filme de manière compulsive et admirative son frère Aurélien et ses potes. Au tout début du commencement,...
Par
le 16 oct. 2021
76 j'aime
5
Nouvelle série création pseudo-originale de Canal + alors qu'elle est l'adaptation (remake) de la série américaine Burning Love, La Flamme a donc déboulé sur nos petits écrans boosté par une campagne...
Par
le 28 oct. 2020
55 j'aime
5
J'attendais énormément de La Meilleure Version de Moi-Même première série écrite, réalisée et interprétée par Blanche Gardin. Une attente d'autant plus forte que la comédienne semblait vouloir se...
Par
le 6 déc. 2021
44 j'aime
4