House and Freedom
Même si "His House" (spoiler !) n’est pas un chef d’œuvre, et même pas un grand film, il nous réjouit profondément par son originalité et même son audace. Parce qu’il tente un vrai renouvellement du...
Par
le 5 nov. 2020
13 j'aime
Voir le film
Rémi Weeks propose une déclinaison des codes du genre, sans surprise mais sans abuser d'effet. Le cinéaste joue de sons et de jeux de lumière et offre des apartés visuels d'une belle symbolique où chaque vision correspond à un traumatisme vécu, qui révéleront le périple délétère d'un couple, Rial et Bol en quête de liberté. Abandonnant un pays en guerre et leurs amis à une mort certaine, et tentant une traversée dans une mer déchaînée, qui rappellent aux drames de l'actualité, le couple sera parqué en attente de décision dans une banlieue anglaise peu réjouissante. Mais le cinéaste par le portrait de son couple aux décisions discutables, pointe la culpabilité et évite ainsi de poser les personnages comme seules victimes pour un portrait plus complexe qu'il n'y paraît. Les horreurs vécues viennent alimenter la réflexion sur la condition humaine.
R.Weeks croise le fantastique avec la réalité sociale de l'immigration et du racisme ambiant par des services sociaux accumulant par méconnaissance les fautes de goût, et le déni ordinaire d'une administration peu encline à prendre soin de ses réfugiés. La banlieue grisâtre, peu chaleureuse, à la population agressive et aux labyrinthes inquiétants, pointent le danger et l'insécurité tout autant que le logement dans lequel on les assigne.
On pense au renouveau de ce cinéma de genre avec Get Out de Jordan Peele qui dénonçait le rapport certes cliché, mais encore d'actualité un peu partout, entre les blancs et les noirs, usant des codes horrifiques pour déployer son thème sociétal bien concret ou à Hérédité de Ari Aster pour le thème de la possession qui rejoint ici ce couple venu s'installer dans une maison délabrée occupée par des fantômes retors. His house prend alors tout son sens, la maison attendue, symbole d'intégration, n'est pas pour eux et devient métaphore de la dure condition des réfugiés dans un pays qui les rejette et où une présence démoniaque viendra leur rappeler que tout a un prix.
Wunmi Mosaku et Sope Dirisu démontrent finement la différence de chacun à la perception des événements, et du long chemin qui reste à parcourir pour leur sauvegarde mentale. Les visions cauchemardesques servent alors à exacerber les sentiments, et particulièrement le mal être de ce couple face à leur déracinement et au deuil cherchant chacun à leur manière à exorciser leurs démons. Avec la volonté de s'intégrer et le refus de ces croyances pour Bol, qui y verra des créatures dangereuses, ou au contraire la valeur des traditions et la communication sans crainte avec l'au-delà pour Rial, qui placera plutôt ses inquiétudes dans la violence ordinaire à laquelle ils sont soumis, le cinéaste propose un premier long métrage qui retient l'attention.
Et si l'aspect effrayant peut faire défaut, le suspense bien mené, laissant le flou jusqu'au final, les scènes de cauchemars qui assurent quelques frissons bienvenus, et la mise en scène élégante en font une belle surprise.
A découvrir.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 6 nov. 2020
Critique lue 900 fois
11 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur His House
Même si "His House" (spoiler !) n’est pas un chef d’œuvre, et même pas un grand film, il nous réjouit profondément par son originalité et même son audace. Parce qu’il tente un vrai renouvellement du...
Par
le 5 nov. 2020
13 j'aime
Disponible depuis hier sur Netflix His House est le tout premier long métrage du britannique Remi Weekes qui en signe également le scénario . Si le fil déboule à point nommé en cette période...
Par
le 31 oct. 2020
12 j'aime
1
Rémi Weeks propose une déclinaison des codes du genre, sans surprise mais sans abuser d'effet. Le cinéaste joue de sons et de jeux de lumière et offre des apartés visuels d'une belle symbolique où...
Par
le 6 nov. 2020
11 j'aime
4
Du même critique
Un grand film d'aventure plutôt qu'une étude de la civilisation Maya, Apocalypto traite de l’apocalypse, la fin du monde, celui des Mayas, en l'occurrence. Mel Gibson maîtrise sa mise en scène, le...
Par
le 14 nov. 2016
76 j'aime
21
The Green Knight c'est déjà pour Dev Patel l'occasion de prouver son talent pour un rôle tout en nuance à nous faire ressentir ses états d'âmes et ses doutes quant à sa destinée, ne sachant pas très...
Par
le 22 août 2021
60 j'aime
2
On se questionne tous sur la meilleure façon de vivre en prenant conscience des travers de la société. et de ce qu'elle a de fallacieux par une normalisation des comportements. C'est sur ce thème que...
Par
le 17 oct. 2016
60 j'aime
10