La libération de la femme
Je dois être plus sensible à la beauté de Corinne Cléry, qu’à celle de la longiligne Silvia Kristel. Histoire d’O me plaît plus qu’Emmanuelle, sans doute parce qu’il y a là l’effort d’une vraie histoire, racontée à la première personne pour faire encore plus vraie. Une vraie histoire, elle sonne véridique. Le narrateur c’est une femme, et ce n’est pas innocent. On a le point de vue d’une femme, qui raconte de façon la plus naturelle du monde, l’histoire d’une autre femme, volage, facile et masochiste. Bonne, comme dirait les petits jeunes. Et quand je dis bonne et masochiste, le mot est faible, parce que ça va très loin dans le jeu de la soumission. Et comme elle est pas mal du tout l’actrice, c’est intéressant à regarder. Elle vit cette passion dans sa chair, plus humaine, moins beauté glacée qu’Emmanuelle, elle a un vraie corps, rudement mit à l’épreuve. Fouettez-là ! Elle aime ça. Fouettez-là ! Le sexe est suggéré dans le plus pur style du film érotique, mêlé à la comédie légère des années 70. Avec une musique surannée et sentimentale, la petite touche de poésie. Ce film a des accents de vérité, qui font supposer que c’est tiré d’une histoire vraie. C’est tellement fort que ça doit être vrai. Donc soit cette femme est folle à lier, soit elle est bonne à fouetter, soit les deux à la fois. Et son copain, il doit être content, le bougre. Il fait ce qu’il veut d’elle, elle lui appartient corps et âme, point. Moi j’aurais du mal à partager une femme dont je suis amoureux avec quelqu’un. Pour ses amants, O c’est une poupée, point à la ligne. O, femme anonyme pour prénom anonyme. Et c’est ça le fil conducteur du film. Des hommes se passent un objet sexuel, qui se révèle être plus maîtresse de la situation qu’on ne le croit. Elle accepte par amour, et peut toujours dire non. Elle sait exactement ce qu’elle veut, et dit toujours oui, O. Son corps c’est un moyen pour arriver à son vrai objectif, avoir l’exclusivité du désir de son amant. Et jalouse avec ça ! Ohh ! C’est marrant de voir comment jouissaient les femmes à l’écran à l’époque. C’est très expressionniste, très « romantique ». Un cadrage de roman-photo, une esthétique tirée d’un magazine de mode, à l’ancienne, avec des couleurs adoucies pour faire romance (pour adultes). On se cache dans un château couvert de brume, pour faire des choses perverses, Sade n’est pas loin. J’ai bien aimé cette escalade dans la perversion. Je trouve que c’est une bonne adaptation. Cette femme indépendante financièrement, soumise par intérêt, perverse et libre( ?) Elle joue même les rabatteurs, grande séductrice, pour attirer d’autres femmes dans sa toile d’araignée, et leur mettre une laisse de chien(ne) autour du cou. C’est troublant. La libération de la femme, mais pas vraiment comme le MLF l’entendait.