Wyler plante sa caméra dans un commissariat new-yorkais (celui du 21e district) et filme d'une manière quasi-documentaire la routine des inspecteurs de nuit fait de coups de téléphones, d'arrestations, d'interrogatoires, de dépositions, de test de reconnaissance, le tout sur fond de vapeur de café, de fumée de cigarettes et de chemises crasseuses trempées par la sueur. Histoire de détective appartient à une famille de long-métrage que j'apprécie particulièrement et que je pourrais nommer "à unité de lieu" ou "social" à laquelle appartiennent par exemple des films comme Seuls les anges ont des ailes, Brumes, The front page, Grand Hotel ou encore Troublez moi ce soir. L'esprit communautaire, la solidarité, les échanges verbaux, les déplacements bordéliques des personnages, le bruit des portes, des fenêtres qui claquent ou du plancher qui grince, tous ces détails fourmillant, confèrent au film son allure de théâtre permanent et son atmosphère très réaliste qui permet au spectateur de s'y immerger complètement.
Plus précisément le film suit la soirée à rallonge de Jim McLeod, un flic aussi puritain et droit qu'inflexible et qui, de par sa figure paternelle, conçoit l'humanité comme un immense tas de merde gangréné jusqu'à la moelle. Il n'a pas tellement foi dans son prochain et le montre quotidiennement dans son travail, quitte à faire du zèle. Ça ne tiendrait qu'à lui, fi de la procédure, des preuves, des juges et des jurés. Un coupable ça se voit, ça s'entend, ça se sent. Ça se perçoit au plus profond de son être. Et ça s'enferme ou se calcine sous 2 Ampères. Il parierait plus volontiers sur un cheval que sur son voisin. Ce soir là une enquête qu'il mène depuis une année sur un médecin rayé de l'Ordre pour pratique illégale (entendez avortement) est sur le point de s'achever quand le docteur en question, sous le coup d'un mandat d'arrêt, se rend de son plein grès au commissariat. Mais avec lui viennent son avocat et un lourd secret sur la femme de McLeod. Sans révéler les enjeux, bien qu'ils soient faciles à deviner, cette affaire va plonger l'inspecteur dans la tourmente et complètement bouleversé sa vie professionnelle, affective et personnelle.
Comme l'ensemble de la distribution, Douglas est, comme à son habitude, impérial quand il s'agit de jouer les types droits et sévères dont le cœur se dégivre peu à peu. Les cadres serrés, le montage tranchant et le rythme soutenu qu’insuffle Wyler confirme qu'il est un des réalisateurs que j'estime et respecte le plus.
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