Sueurs froides.
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Lorsque deux êtres sont inexplicablement connectés, est-il nécessaire d'utiliser le corps comme médium émotionnel ? La puissance des mots ne dépasserait-elle pas celle du corps ? Un rapport sexuel ne serait-il pas alors plus "charnel" et plus torride en étant principalement animé par des saillies verbales esquissant spontanément d'innommables fantasmes, sans la peur du jugement de l'autre ? Le "jardin secret" de sa moitié ne serait-il pas l'endroit propice pour cultiver le sien, celui qui nous ressemble, en toute sécurité ? Avec ce film, Rivette explore majestueusement ces champs de l'impossible avec un parti pris qui ne nous prend absolument pas par la main.
En cultivant dès le début cette sphère de l'impalpable, le film nous impose des efforts pour outrepasser le semblant d'ennui qui semblait s'y installer. Julien, méticuleux horloger, est aussi déréglé que les horloges qu'il répare à longueur de journée. Il s'adonne à un loisir parallèle sans raison apparente : faire chanter une certaine Madame X avec des objets intimes et compromettants. C'est alors qu'une Marie surgit brusquement de son passé pour partager avec lui un présent périssable, intense et fusionnel. Si plusieurs intrigues s'emboitent assez habilement, c'est bel et bien cette relation naissance qui reste au centre des attentions. La pureté de leur union n'est qu'une somme de dialogues sans filtres et d'attentions anodines qui dégage constamment une intensité folle dès lors qu'on rentre en diapason avec le ton et le rythme du film.
Rivette souligne l'évolution de ses personnages avec des intertitres qui explicitent leur cheminement. D'abord "Julien", puis "Julien et Marie", puis "Marie et Julien" et enfin "Marie". Marie s'approprie l'espace de vie de Julien en archivant les reliquats de son passé; et vice versa.
Un film beau, profond, surprenant et terriblement touchant.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Festival du cinéma français contemporain n°1 (JVcom)
Créée
le 1 sept. 2016
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