Sans être la meilleure réalisation de Czinner, Liebe est une belle adaptation qui opte pour une approche feutrée, très recentrée sur son duo de personnages en réduisant le nombre de décors, le luxe aristocrate et la figuration. Il en ressort une certaine mélancolie, un sentiment de solitude et d'isolement de plus en plus pesant et poignant.
Le début parait ainsi un peu académique, voire figé, avec ces partis pris, avant qu'ils ne révèlent leur lent poison sentimental à base de torture psychologique, de fausse froideur, de détachement feint. Dans son dernier tiers, Czinner se fait plus vibrant une fois que les personnages mettent leur passion à nue et il donne quelques séquences émouvantes (le rendez-vous manqué à 7h45 ; les retrouvailles derrière le rideau du couvent). La caméra y gagne logiquement davantage de mobilité tandis que les comédiens se révèlent à fleur de peau.
Typiquement le genre de film qui aurait mérité un accompagnement musical.