TRUE! – NERVOUS – very, very dreadfully nervous I had been and am! but why will you say that I am mad?
Comme il est hors d'atteinte que de pouvoir rendre le style primitivement saisissant de Poe, que même le sublime Baudelaire n'a pu tout à fait transcrire en français. A l'impossibilité de reprendre le texte tel quel se substitue l'espoir d'une sublimation par l'image. Transmutation dans laquelle ce film, hélas, échoue.
Il semble en effet invraisemblable qu'avec les progrès enivrants faits par l'animation sur la dernière décennie, le résultat final soit si maladroit, si superficiel, si peu novateur et incapable d'insuffler une ambiance qui rende ne serait-ce qu'un peu justice aux textes de Poe. Si les styles graphiques se succèdent au fil des histoires, aucun ne semble sortir du lot : si, en fonction de préférences personnelles, on sera plus attiré vers l'un ou l'autre, il est évident qu'aucun ne brille particulièrement par l'univers qu'il instaure.
Car le problème est bien là : il semble qu'il s'agisse là d'un exercice purement formel d'illustration des nouvelles. Nulle part, où presque, n'a été conféré à l'image ce pouvoir créateur, suggestif, langoureux ou lugubre. En définitive, c'est d'un manque cruel d'imagination que souffrent ces Extraordinary Tales, simples comptes-rendus où la matière ne fait que s'éroder sans que, jamais, ne jaillisse une étincelle.
Cela est bien dommage, car dans les recoins obscurs des nouvelles de Poe se tapissent milles fantasmes ombreux qui n'attendent que d'être libérés sous un pinceau brûlant. Fissure dans laquelle Odilon Redon a bien mieux réussi à s'immiscer, il y a pourtant déjà un siècle.
On passe ainsi ici à côté des palpitations de ces histoires extaordinaires, qui ressortent lavées de leurs aspéritées et donc vidées de leur essence. Une bien triste opération.
“You have conquered, and I yield. Yet henceforward art thou also dead – dead to the World, to Heaven, and to Hope! In me dist thou exist – and, in my death, see by this image, which is thine own, how utterly thou hast murdered thyself.”