Hitch, expert en séduction par Wykydtron IV

A une époque, le simple titre "Hitch, expert en séduction" était une raison suffisante pour ne pas vouloir voir ce film… mais après Roger Dodger, Your friends and neighbors, et Swingers, je voulais continuer à voir des films sur la drague et les relations, donc naturellement, je devais passer par celui-ci…

"Expert en séduction", mouais. Plutôt que de voir Hitch aider ses clients à gagner confiance en eux, à mieux se mettre en avant, il les aide à élaborer des plans d’une complexité absurde pour faire craquer la femme de leurs rêves. Alors que c’est contre-productif de faire des choses ultra-spectaculaires pour les ébahir, parce qu’en débutant une relation ainsi, la femme ne peut qu'être déçue par la suite, à moins de faire des trucs dingues tout le temps.
Hitch livre parfois quelques bonnes remarques, il y a des moments où il applique de bonnes tactiques (se montrer unique et, une fois la curiosité de la cible piquée, prouver qu’on n’a pas peur de se barrer), mais il balance plus souvent des répliques trop cuculs dignes de n’importe quelle comédie romantique, et même des conseils que je trouve mauvais : "She may not want the whole truth, but she does want the real you". Pas sûr que ce soit une bonne idée d’établir une relation durable à partir d’un mensonge.
Car évidemment, ce film était destiné au grand public, il faut faire valoir l’image traditionnelle de l’amour véritable, donc Hitch n’aide ses clients qu’à draguer celle qu’ils pensent être la femme de leur vie. Il refuse d’arranger des coups d’un soir. Ce qui est étrange étant donné que le héros dit lui-même au début du film qu’il préfère les relations à court terme…
Et évidemment, dès qu’il dit ça, tu sais que le scénario va te raconter comment ce spécialiste de la drague va complètement changer en trouvant le grand amour. Pffff…

Et donc l’élue de son cœur, c’est Eva Mendes (une actrice que je ne supporte pas), une reporter qui, incidemment, cherche à découvrir l’identité du fameux "expert en séduction". Et quand elle découvre que c’est Hitch, elle en est toute secouée et ne veut plus le voir, en raison d’un quiproquo foireux qui la fait se tromper sur les intentions du dragueur. Quelques scènes auparavant, elle trouvait mignon un couple que le héros avait aidé à se former, et soudain Hitch se transforme à ses yeux en un monstre, comme s’il y avait quoi que ce soit d’horrible dans le fait d’aider des hommes à sortir de leur coquille.
Dans un même temps, Hitch aide un type qui est caractérisé comme un loser par des scènes qui en font des tonnes, où il accumule les gaffes pas drôles. Il fait tomber tel objet, puis casse tel autre, … et ce à chacune de ses apparitions ! C’est insupportable !
Et le traitement de l’évolution de ce personnage est bancale, on le montre en même temps comme très maladroit et capable de faire preuve d’une assurance désarmante, dès son premier rencard.
Les gags, les situations et parfois le jeu des acteurs est lourdingue, c’en est même gênant à voir ; il ne doit y avoir qu’une scène en près de 2h qui m’a fait rire, celle où Kevin James montre ses talents de danseur.
Mais Hitch est une de ces comédies qui veut t’émouvoir après t’avoir (pas) fait rire, or là aussi c’est le flop tant la plupart des scènes émotions font forcées.

Bon, il faut avouer qu’en dépit des effets de montage et de mise en scène qui veulent faire dans l’originalité mais sont très convenus, le point fort de la réalisation c’est le rythme soutenu auquel s’enchaînent les déplacements, les actions, les répliques.
Je pense que ce dynamisme est la seule raison qui fait que je n’ai pas décroché de ce film qui, étrangement, même s’il est nul, n’ennuie pas.
Car quelle connerie mielleuse… les 15 dernières minutes en particulier sont d’une niaiserie à dégueuler.
S’il y a quelque chose à retenir de Hitch, c’est la réalisation du héros qu’on ne peut pas tout contrôler ni prévoir à l’avance, et qu’il faut avoir une dose de naturel ; le long-métrage se termine carrément avec le héros qui dit qu’il n’y a aucune règles, je pense toutefois que les techniques comme celles qu’utilise Hitch au début permettent d’ouvrir des portes.
Mais bon, ce film est tellement rempli d’âneries que je ne sais pas s’il a pu aider quiconque en ayant retenu un message.