Une de mes plus grandes hontes en tant que prétendu cinéphile est de n'avoir vu aucun des films du Maître du suspense avant très récemment. Sueurs Froides (1958) et Psychose (1960) furent mes premiers. Ce dernier est le sujet principal du film dont je parle ici, et il me semble qu'il vaut mieux l'avoir vu avant de s'atteler à cette œuvre plus contemporaine. En effet, l'intrigue est centrée sur la réalisation de Psychose en 1959 et des scènes clés y sont largement spoilées. Un délice pour les connaisseurs, une débâcle totale pour les non-initiés ! La scène de la salle de bains, par exemple, qui illustre d'ailleurs au passage l'engouement peut être un peu trop fervent du réalisateur pour ce film ; ou même les répliques de certains personnages qui dévoilent les clés de voûte de cette magnifique cathédrale qu'est Psychose.

Basé sur ce qu'on sait des faits réels, Hitchcock n'atteint pas la cheville des chefs-d'œuvres du Maître, mais il est clair qu'il peut aider à en comprendre les motivations, la vie et la psychologie. Sa relation aux femmes, par exemple, est plutôt ambigüe et cela est très bien retranscrit dans le film : Hitch, alors vieux de soixante ans, ne cache pas son admiration pour ses actrices encore jeunes. À la recherche de la blonde 'hitchcockienne' parfaite, il va jusqu'à mépriser sa femme, pourtant toujours à ses côtés tant dans sa vie privée que professionnelle.

Hopkins atteint encore une fois les attentes. Le maquillage ne pousse pas jusqu'à permettre de le méprendre pour Hitchcock lui-même, mais est très bien réalisé. Assez pour qu'on ne se pose pas de questions à son sujet, et également assez pour être nominé aux Oscars© d'ailleurs. Sous cette couche de silicone, Sir Tony parvient à prendre les mimiques, la démarche et l'accent du Maître pour effacer les derniers soupçons. À la fois convaincant et drôle, le personnage en devient très attachant et c'est ce qui, pour moi, fait la force du film.

Au point de vue technique, le film est très cohérent. Les plans se succèdent efficacement et cela semble avoir été clairement pensé. Le montage parallèle, qui revient à quelques reprises, illustre très bien ce propos. La lumière sert le film sans fioritures, est la musique… Aaaah la musique ! Un autre maître s'y est attelé avec succès : Danny Elfman nous sert ici une partition à la fois joyeusement mélodique (à son habitude) et congruente avec les thèmes récurrents chez Hitchcock (qui reviennent d'ailleurs dans le film).

Je ne m'attaquerai pas au réalisateur que j'avoue connaître trop peu pour cela. Je réalise bien que je n'ai pas inséré ici de points négatifs du tout, mais je n'ai pas le cœur à en chercher à tout prix sous prétexte de faire une critique consensuelle. Sans carences majeures, ce film m'a plu, sans m'éblouir d'autre part. Un bel hommage au Maître du suspense, ce film regorge de références, subtiles ou non, et remplit son office sans efforts grandiloquents. Un (peut-être trop) généreux 8.

[ Attendez la fin du générique pour un dernier clin d'œil ;) ]
Rungolion
8
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le 23 avr. 2013

Critique lue 387 fois

3 j'aime

Rungolion

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