Une World War digne d'une série Z. Si seulement l'alphabet était plus long...

J'avais lu des critiques négatives avant de voir ce film. Ça doit probablement avoir influencé ma vision. Pourtant, il y a du bon dans ce film. Du très bon, même, ce qu'ils ont omis de souligner dans les critiques que j'ai lues. Dommage que ce bon ne dure que les dix premières minutes… En effet, ces dix minutes sont très bien ficelées, réalisées, filmées, et permettent à un véritable suspense de s'installer. C'est digne d'un grand film de zombies. Attention, spoil !

Gerry Lane (Brad Pitt) et sa femme sont parents de deux fillettes. La première scène nous les présente comme une famille américaine tout à fait typique. Dès le matin, un ami dans l'armée américaine contacte Gerry et tente de le convaincre de reprendre son job aux Nations Unies, ce qu'il refuse de faire. Quelques minutes plus tard, la famille se retrouve en voiture, coincée dans les bouchons de ce qui m'a semblé être New-York (j'avoue que je n'ai pas fait très attention…). C'est à ce moment parfait que se déclare un chaos incroyable dans les rues de la métropole : des fous furieux courent dans tous les sens et mordent tout ce qui leur passe sous la dent. Gerry, qui vient d'avoir le temps de s'échapper, en profite pour observer un "zombie" mordre un pauvre badaud. C'est là qu'il se met à compter : 1, 2, 3,…8, 9, 10 ; et voilà que le badaud se relève avec fureur et se met à courir vers une victime, comme tous les autres. Il faut donc onze secondes au virus pour prendre le dessus sur une personne. Gerry rejoint sa famille et tous fuient vers des bâtiments pour se mettre à l'abri. Après une course poursuite spectaculairement efficace, en ce qui concerne la tension, la famille en rencontre une autre, qui s'abrite dans un des appartements à mi-hauteur du bâtiment.

C'est là que le suspense retombe. Un instant de calme, qui fait du bien parce que ça a été très vite et très fort. Le seul bémol, pour moi, c'est que pas une seule fois dans le film on n'atteindra cette qualité à nouveau. Les soldats de l'ami dans l'armée sauvent la famille de Gerry avec un hélicoptère, du haut du building dans lequel ils s'étaient tous cachés. Une fois la famille à l'abri sur un porte-avion, l'ami commence à menacer de les éjecter si Gerry ne contribue pas. Il doit dès lors accompagner un jeune docteur bardé de diplômes dans les territoires hostiles, afin de découvrir un remède à l'infection. Et là c'est la première grosse gaffe du réalisateur : au sortir de l'avion, le docteur glisse et se tire une balle dans la tête par inadvertance. On était censés réaliser à quel point cet homme était important. C'était en fait le "dernier espoir de l'humanité," si on veut. Or on ne connaissait le personnage que depuis cinq minutes et, personnellement, ça ne m'a fait ni chaud ni froid qu'il se tire une balle. On tombe dès lors dans le schéma classique, et c'est Brad Pitt qui va sauver le monde. Plus besoin de se tracasser à partir de là, puisqu'on est logiquement persuadés qu'il tiendra au moins jusqu'à la fin du film, voir qu'il survivra à tout, tout simplement. Et on n'en a plus rien à foutre de sa famille, au final. Il va le faire, donc elles sont tranquilles.

S'enchainent ensuite un paquet d'idioties, de clichés mal gérés et de stupidités en tout genre. Des bêtises vues et revues dans tout film à suspense, zombifié ou non (Attention, les zombies sont attirés par le bruit et il y en a partout dans ce labo. Je vais voir si je peux trouver une canette sur laquelle trébucher, pour faire un max de bruit), sauf qu'ici c'est par dizaines et que ça en devient lourd. Le pire, pour moi, c'est la façon dont le film ridiculise les Israéliens (je ne fais pas ici l'apologie des Juifs, au contraire, mais c'est un autre débat) : ce peuple n'a eu qu'à construire quelques murs pour s'isoler complètement, vu la forte tendance à cloisonner le coin. Pourtant, ces imbéciles, de manière tout à fait logique, ne se contentent pas de rester au calme et de profiter de la sécurité des murs. Non, ces imbéciles décident de se mettre à chanter bien fort pour célébrer la vie (alors que, comme je l'ai dit, ils savent tous que le bruit attire les zombies). D'où la scène que l'on peut apercevoir dans le trailer : tous les zombies accourent des plaines environnantes à des kilomètres à la ronde, s'escaladent les uns les autres (pas du tout dans un élan d'intelligence, juste de sauvagerie, mais j'y viendrai) et finissent par passer au-delà du mur. Carnage gratuit et stupide.

Quand on voit le trailer, justement, on peut espérer enfin un peu de renouveau dans la tradition du zombie. Quelque chose d'original. Malheureusement, l'originalité est une qualité dont ce film manque cruellement. Mis à part le fait qu'ils courent et que l'infection est fulgurante, ces zombies n'ont absolument rien de spécial. La seule chose vraiment unique n'a d'intérêt que c'est parce que c'est là-dessus que se basera le reste du film : les zombies sont régis uniquement par le virus lui-même, qui s'attaque donc uniquement à des corps viables. Les maladies au stade terminal sont donc en quelque sorte le remède, ou en tout cas un moyen d'éviter d'être attaqué par les zombies. Donc pour éviter de mourir, il faut s'injecter une maladie mortelle. C'est du génie.

Alors pour enfoncer le clou (c'est la dernière fois, promis), la musique laisse à désirer aussi. Et ça c'est ma petite corde sensible… J'adore Isolated System, excellent morceau de l'album The 2nd Law de Muse. Mais là on en fait un thème principal (donc trois notes — CECI N'EST PAS UNE BLAGUE, TROIS NOTES) qui revient à répétition. En général, un thème, dans un film, présente plusieurs variantes et, bien qu'il amène forcément une certaine redondance, s'adapte aux circonstances dans lesquelles il est joué. Ici, un unique morceau, trois notes, un générique de début, un générique de fin et quinze mille scènes du film, qui ne s'y prêtent même pas forcément. Mauvaise gestion, les gens. Mauvaise. Pourtant on a vu des groupes comme Daft Punk réaliser la bande-son complète de films (dans ce cas précis, Tron Legacy. Le film est clairement à discuter mais la musique est excellente). Et d'ailleurs, Muse a accepté de faire une version spéciale d'I Belong To You pour Twilight… Je me demande s'ils ont demandé pour World War Z ou s'ils ont simplement décidé de ne pas se casser trop le cul. En tout cas c'est la deuxième impression que me donne ce film. De la dixième minute à la dernière. Dommage, mais j'étais prévenu.

5 pour l'effort. Et comme toujours, je suis même trop gentil (mais c'est impensable de mettre moins à ceci qu'à Conan le Barbare ou au dernier Die Hard…).
Rungolion
5
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le 10 oct. 2013

Modifiée

le 10 oct. 2013

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Rungolion

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