A la reconquête de Mme Hitchcock !
"Hitchcock" ou l'éternel dilemme du Biopic: fidèle ou non? Et l'acteur, il lui ressemble ? L'important ici n'est pas tant l'amusement apparent que prend Hopkins à enfiler la célèbre bedonne du maître du suspense que de voir comment notre Hitch international faisait un film. Ce n'est donc absolument pas un biopic mais un focus sur un moment déterminant de sa vie: "Psychose" ou comment Hitchcock se renouvela après une question qui suivit le succès de "North by northwest" lui demandant s'il ne devait pas mettre un terme à sa carrière.
On voit donc HItch en proie au doute: tout autant sur son cinéma que sur sa femme, à laquelle il doit d'ailleurs beaucoup pour ses films dont la célèbre musique qui accompagne la tout aussi célèbre scène de la douche de "Psychose" qui sinon n'aurait jamais vu le jour. On aurait loupé l'orchestration magistrale qu'Alfred fit finalement de cette scène glaçante au possible.
On assiste alors à une leçon de cinéma sur "comment faire un bon film d'horreur quand on est un bon metteur en scène". Le film est globalement décevant parce qu'il est assez popote, à part la trouvaille de confronter Hitch à son personnage de meurtrier, on n'apprend rien de neuf sur AH si ce n'est qu'il devait faire un régime et qu'il était un peu ennuyeux en dehors des plateaux de cinéma (et un peu tyrannique dans les studios). Rien d'audacieux ni de surprenant dans la mise en scène d'un film qui revient sur un pan de la carrière d'un des meilleurs metteur en scène d'hier et d'aujourd'hui ...
L'intérêt final est de voir qu'Hitchcock n'est pas un film sur le réalisateur mais plutot sur l'assencion d'une femme: la sienne, celle qui portait son nom et qui savait une chose: "c'est dur de vivre avec toi mais tu fais les films mieux que personne". Pour cette non-blonde préférée d'Hitchcock, le film était aussi un bébé qu'elle couvait avec lui, pertinente dans ses jugements, elle contribua, comme beaucoup d'autres femmes d'hommes célèbres, à faire de l'hyper-réalisateur, ce qu'il était: un homme influencé par l'étrange (qui détestait le jardinage et adorait le mais doux), un homme qui savait créer l'ambiance autour de ses films et qui, disons le pour achever de critiquer ce faux-biopic, ne s'est jamais autant raconté, livré et n'a surtout jamais été aussi passionnant que dans ses films ... C'est vers eux que je vous conseille de vous tourner si vous voulez voir le maître à l'oeuvre et non une petite comédie sympathique sans plus où l'on voit le bedonnant s'adonner à reconquérir sa femme, sa muse, celle de laquelle le film parle le mieux finalement ...