Les chauves célèbres au cinéma il y en a plein: Telly Salavas, Yul Brynner, Michael Clark Duncan, Ed Harris, Vin Diesel, Bruce Willis, Sean Connery (si si), etc... mais dans le jeux vidéo c'est déjà plus rare (raggal ne compte pas) et ce n'est pas vraiment Krillin -qui n'est pas issu du monde du jeu vidéo d'ailleurs- qui fera honneur aux hommes à la capacité capillaire défaillante.
Conscient de cet état de fait intolérable Io Interactive décide d'inverser la tendance en 2000 avec le taciturne 47. Froid, efficace, adepte du déguisement et capable de transformer n'importe quoi en arme létale le personnage dégageait un charisme immédiat. Ajoutons à cela un scénario mêlant habilement organisation secrète, manipulations sournoises et complot international et on tient là un potentiel faramineux pour une adaptation cinématographique. Pas étonnant qu'un projet fut mis en route assez vite, tout d'abord sous la houlette d'un Vin Diesel sur-motivé se voyant bien au poste de producteur exécutif et d'acteur principal. Débouté par la fox pour le rôle titre il est remplacé par Timothy Olyphant, pas vraiment une star mais un nom qui monte et sur lequel il fait bon miser.
Hitman prend donc chair et ,cocorico, c'est un petit frenchie qui est choisi pour mettre tout cela en scène, on s'en réjouit d'avance... ou pas.
-Can you feel the heat man ?
Adapter un jeu vidéo en film c'est un peu comme traverser un champs de mine en courant et espérer qu'on va s'en sortir indemne, et dans cet exercice on peut dire que Xavier Gens a poser le pied là où il ne fallait pas. Il est bien difficile de trouver un point de départ tellement tout semble d'une égale et profonde nullité dans ce film. En faisant bien le tri on trouve quand même un élément vraiment plus mauvais que tout le reste, un rouage particulièrement grippé dans cette entreprise bien huilée (Tellement bien huilée qu'on sait tous où ils nous l'ont carrée, Samuel L. Jackson style) je veux bien entendu parler de l'inénarrable Timothy Olyphant.
Ayant déjà participé au massacre Die Hard 4 en croyant qu'imiter Benabar fronçant le sourcil gauche était suffisant pour avoir l'air méchant le jeune acteur offre, dans la peau de 47, une composition... nulle, à tout point de vue.
Avec sa tronche de poupon attardé (forcément un poupon d'1m80 aura toujours l'air attardé) il n'a tout simplement pas la gueule de l'emploi. Même lorsqu'il fronce ses deux sourcils pour nous faire comprendre qu'il est méchant il a toujours cet insupportable air d'imbécile heureux qui lui colle à la tronche. Le costume est pourtant là mais quand on n'a pas de charisme, on n'a pas de charisme. Incroyable erreur de casting, d'autant plus délirante que, comme dit en préambule, Vin Diesel était attaché au rôle jusqu'à peu de temps avant le début du tournage. Certes l'interprète de xXx n'est pas l'acteur du siècle mais il dégage un présence et une virilité immédiate qui sont cruellement absentes chez Timothy Olyphant.
Inexpressif et jamais dans le rôle son incapacité culmine lors de la scène où Olga Kurylenko essaye de lui faire l'amour. Se rappelant sans doute sa première fois (c'est bien connu: les expériences personnelles nourrissent le travail des acteurs) Timothy Olyphant nous la joue puceau de 15 ans fasse à sa première prostituée mexicaine dans un rade pourri de Tijuana. Essayant un concours entre ses deux yeux pour savoir lequel s'écarquillera le plus, il offre un grand moment de honte pour le spectateur, le genre de moment où on regarde sa carte illimitée en se disant qu'on vient de se faire arnaquer malgré tous les autres films qu'on a déjà pu voir cette semaine. Mes condoléances à ceux qui ont acheté le DVD et qui finiront certainement par se repentir dans une quelconque émission de Jean-Luc Delarue.
Bref c'est pas en se mettant des plumes dans le cul (ici un code-barre sur la nuque) qu'on devient danseuse (ici tueur à gage qui a la classe).
-I can't see it man !
Souvenez-vous, le sous-titre original de Hitman 2 est Silent Assassin et c'est bien naturellement que l'adaptation adopte l'angle du gros film d'action pétaradant et bruyant. Une preuve supplémentaire que les instigateurs de ce projet n'ont strictement rien compris à Hitman, le jeu. Bon, après tout une adaptation infidèle peut malgré tout faire un bon film, les exemples existent et Blade Runner en est certainement le plus parlant. Malheureusement Hitman, le film est raté, quel que soit l'angle sous lequel on l'aborde.
Bien que lisible les scènes d'action s'enchainent sans génie et sans véritable renouvellement, on passe d'un gunfight bidon à un autre avec un oeil torve et fatigué. Si la photographie est plutôt soigné on ne peut qu'être épuisé devant tous les artifices habituels usés et recyclés ad nauseam dans les différentes productions Besson et que l'on retrouve ici. Acrobaties, effets de montages clipés et laids, mise en scène poseuse et vaine, dialogues consternants et scénario sans queue ni tête.
Des ramifications complexes qui se tissaient dans les différents jeux (allant de trafiquants de drogue internationaux jusqu'au président des Etats-Unis himself) on ne conserve ici que des vagues excuses pour éclater des têtes aux quatre coins du globe, aucun aspect n'est approfondis et les différents personnages s'empilent sans que l'on comprenne réellement ce qu'ils viennent faire là et surtout comment un tueur supposé aussi redoutable ne peut pas être plus malin que ça.
Tout ceci se cristallise autour de la sempiternelle histoire de la blanche colombe bonasse que le gentil tueur impitoyable va vouloir protéger sans que l'on sache pourquoi, en dehors du fait évident que c'est écrit ainsi dans le scénario. Vous avez l'impression d'avoir déjà vu cette histoire trois milliards de fois avant ? Et bien c'est le cas, tout simplement. Le problème c'est qu'on nous l'a déjà raconter de bien meilleure façon des dizaines et des dizaines de fois avant.
A la décharge de Xavier Gens ce n'est pas forcément la mise en scène en elle même qui est à blâmer, certains plan sont même inspirés mais c'est surtout l'emballage autour que l'on sent hérité de tous les clichés possibles et imaginables que l'on peut croiser sur les supposés goût des adolescents. On met des accélérés gratuits, on abuse de CGI moche pour rendre une séquence déjà peu crédible en pantalonnade surréaliste, on prend la pose pour rien et on met des couleurs flashy un peu partout.
Ultra Calibré le film est tout simplement vide de substance, d'intérêt ou d'une quelconque émotion. Sans génie et fatiguant, on assiste à un remplissage mou de cahier des charges absurde. Aucune scène marquante, ou alors pour les mauvaises raisons, ne vient sortir le film de la fange dans laquelle il s'enlise péniblement au fil des minutes qui s'écoulent.
-This is shit man !
Combinez un film d'action mou et pré-mâché avec un acteur principal absolument incapable de saisir le potentiel de son rôle et vous obtenez inévitablement un très mauvais film. Une fois de plus à travers le jeu vidéo il n'a été vu que la cible présumée (comprendre le pré-ado lobotomisé) en lieu et place du jeu lui même.
On survole vaguement la licence histoire de capter deux/trois éléments clés ("T'as vu John comment elle est belle cette cravate rouge ?") et on les mélange avec tous les petits trucs irritant qui sont utilisés par le service marketing. On passe tout ça au générateur automatique de scénario et hop c'est prêt.
On rêve encore de voir notre cher tueur chauve à l'écran tel qu'on le connait: froid, méthodique, silencieux, en rogne et amorale. La on à le droit à une sorte de super nounou qui fait des pirouettes avec de mp5 en akimbo. Le décalage est presque aussi vertigineux que la pauvreté du film en lui même. A éviter comme la peste.