Hoffman
7.1
Hoffman

Film de Alvin Rakoff (1970)

J'aime quand un auteur tente de décortiquer le sentiment amoureux. Quand il s'autorise à démontrer le mécanisme sur plus d'une heure. C'est souvent démoralisant, car il ne reste rien de ce qu'Hollywood nous promet habituellement (le fameux coup de foudre). Dans Hoffman, et c'est là mon interpétation personnelle, Alvin Rakoff semble soumettre l'idée qu'au fond, ce dont on a besoin avant tout pour aimer un(e) autre, c'est d'être aimé par cet(te) autre. Ce n'est pas très glamour et c'est très égoïste (comme les personnages de ce film), mais ça me semble plus vrai, plus rationnel.

Sur la construction dramaturgique, Hoffman me plaît parce qu'il repose essentiellement sur l'interaction entre des personnages, ce sont eux qui font avancer le récit, sans jamais perdre de vue un fil conducteur, un objectif, évident : les deux êtres devront passer une semaine complète ensemble, et ce dans l'espoir que tout se passe bien. Consolidez cela avec le fait que le jeune amant de la dame soit un brigan, afin de pouvoir rebondir dès que ça risque de sonner creux. Les personnages, donc, font toute la réussite du film. Peter Sellers campe un homme meutri, triste ; ces blessures intérieures me fascinnent au cinéma. Je pense à l'étrangleur de Boston, à Vanishing Point, à Bonny& Clyde. Pour coller, il fallait des dialogues à la hauteur ; ils le sont largement. Les monologues sont même autorisés conférant au film une aura particulière, purement cinématographique (quoique théâtrale aussi).

La mise en scène est simple et c'est tant mieux, car de la sote nous pouvons profiter au maximum des interprétations. Et je ne parle pas seulement de Peter Sellers, toujours aussi parfait, même dans la retenue ; Sinéad Cusack n'a en effet pas à rougir de sa performance subtile, elle parvient à tenir tête au charismatique acteur. Enfin, la BO est à retenir (malheureusement je ne trouve pas la tracklist sur le net), car elle joue un rôle important dans l'ambiance du film. Vous savez ces films qui possèdent une tonalité et un thème mémorable, qui fait frissonner dès que le morceau recommence? Et bien Hoffman fait partie de cette catégorie.

Bref, Hoffman est une excellente comédie dramatique sur l'amour, une de ces petites perles oubliées parce qu'elle n'entre pas dans le carcan habituel des comédie made in Sellers. C'est regrettable car il s'agit à d'un grand petit film.
Fatpooper
10
Écrit par

Créée

le 4 déc. 2012

Critique lue 427 fois

3 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 427 fois

3

D'autres avis sur Hoffman

Hoffman
Boubakar
7

Un oiseau en cage.

Alors son fiancé vient de partir pour son travail durant une semaine, une jeune femme se fait menacer par son patron de divulguer les malversations qu'il fait. Afin de ne rien dire, il lui demande de...

le 2 août 2021

3 j'aime

Hoffman
Heurt
7

Les mecs c'est pas des gars bien

Peter Sellers avait cet air d'homme constamment soucieux. Quand il apparait dans le documentaire sur Beatles il porte avec lui ce regard d'homme inquiet. Ce personnage d'Hoffman n'a rien de...

le 15 janv. 2023

3 j'aime

3

Hoffman
Fatpooper
10

All You Need Is Love

J'aime quand un auteur tente de décortiquer le sentiment amoureux. Quand il s'autorise à démontrer le mécanisme sur plus d'une heure. C'est souvent démoralisant, car il ne reste rien de ce...

le 4 déc. 2012

3 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

120 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55