Grande question : comment parvient-on à réaliser un documentaire aussi peu engageant sur la base d'un matériau aussi riche que ce que "Holgut" laisse entrevoir ? La cinéaste belge Liesbeth De Ceulaer est allée se perdre dans une région de Sibérie centrale, dans les forêts près de Iakoutsk, avec un projet sans doute plus poétique et expérimental que documentaire ou ethnographique. Vraisemblablement l'idée était d'observer deux aspects liés à la fonte du permafrost dans ce coin de Russie, dans un environnement où les températures moyennes s'échelonnaient jusqu'à présent autour de -40°C en hiver. D'un côté il y a ceux qui chassent (entre autres) le renne sauvage, animal en voie de devenir une créature mythique si l'on en croit le dispositif mis en place par le documentaire, et de l'autre ceux qui étudient un animal d'hier aujourd'hui mythique, le mammouth, à la recherche d'ossements fraîchement décongelés qui pourraient receler des cellules viables sur fond de vieux rêve de science-fiction pour, enfin, parvenir à cloner un de ces animaux.
Décors magnifiques, ambiance éminemment exotique dans cette toundra et dans ces forêts sibériennes, et récits duaux de gens qui chassent des animaux, vivants ou éteints... Liesbeth De Ceulaer a fait le choix d'une approche assez peu pragmatique, qui personnellement ne me parle pas un iota et donne l'impression de laisser de côté une quantité conséquente d'informations et de témoignages, tout en échouant — un comble — à magnifier ces paysages fabuleux. Il manque un parti pris, un projet clair qui aurait permis de suivre avec intérêt les deux groupes de personnes dans leurs activités respectives. En l'état ce mélange d'aspects scientifiques et ésotériques ne débouche sur rien, si ce n'est la frustration de ne pas saisir les enjeux de cette chasse au trésor singulière. "Holgut" ne dure que 1h15 et pourtant il en paraît le double, et manifestement cette sensation éprouvante est à relier davantage à la forme qu'au contenu, intéressant au demeurant.