Après le sympathique film de Carpenter (qui était parfois plus une comédie qu'un film fantastique), Verhoeven arrive avec ses gros sabots. Et dès la scène d'introduction il plante l'ambiance : une souris de labo se fait dévorer par une mâchoire invisible.
En effet, le film est brutal. Sanglant. Très sanglant même. La dernière demi-heure est uniquement consacrée au combat final. En cela, c'est un film d'action, un très bon film d'action, avec quelques scènes impressionnantes et avec ses rebondissements qui frôlent le ridicule (est-ce sincère ou est-ce de la parodie ? je ne saurais le dire).
Le plus intéressant, dans ce film, est la réflexion sur l'impunité. Être invisible permet au personnage de faire des choses qu'il n'aurait jamais osé faire sans cela. Parce que, parfois, on se retient de faire certains crimes non pas pour respecter les lois, mais parce qu'on a peur d'être reconnu, observé.
L'invisibilité agit alors comme un dés-inhibiteur. On peut se permettre de tout faire, puisqu'on a l'impunité totale. Y compris envers soi-même : on ne peut plus se voir dans un miroir, la conscience est donc court-circuitée.
Hélas, cette réflexion n'est pas pleinement exploitée dans le film. Le scénario aurait pu aller plus loin dans cet aspect.
Côté interprétation, Kevin Bacon est très bien : on a envie de lui foutre des baffes pendant tout le film ! Le film est fortement basé sur lui, et il est très crédible en personnage abject. D'autant plus que les autres interprètes ne sont pas à la hauteur (à commencer par les actrices, qui semblent avoir été choisies pour leur physique et non pour leur talent).
Le sommet, ce sont les effets spéciaux. Les scènes de transformations sont très impressionnantes.