Verhoeven utilise des Fx numériques inouïs et bluffants pour transformer Kevin Bacon selon une technique jamais employée : la disparition et l'apparition progressives qui réservent quelques sensations horrifiques du plus délicieux mauvais goût ; les premières images avec l'expérience sur le gorille mettent tout de suite le spectateur dans l'ambiance, c'est réellement impressionnant. C'est du pur Verhoeven qui sous couvert du divertissement, aime bien prendre à rebrousse-poil la société US, ici en dénonçant les militaires et les scientifiques irresponsables, tout en recyclant le mythe de l'homme invisible avec une jubilation évidente, grâce à l'aide d'un Kevin Bacon toujours aussi parfait dans ce type de rôle de salopard prétentieux et ambigu à souhait. Le réalisateur en profite pour jouer sur tous les registres (thriller, action, suspense, fantastique, gore), et retrouver tous ses thèmes favoris (désir, voyeurisme, sang, violence) même si on attendait de sa part des situations beaucoup plus trash, mais freiné par le studio frileux, il n'a sans doute pas pu non plus conclure son film comme il l'aurait voulu, devant sacrifier au genre de dénouement dont raffolent les Américains. Mais en l'état, et techniquement, le film a de quoi satisfaire le grand public.