Début des 70s, Los Angeles, Hollywood, cinéma bis, cinéma d'auteur, cinéma expérimental, photographie, pornographie... Les ingrédients qui composent cet improbable "Hollywood 90028" réalisé par Christina Hornisher donnent un très bon aperçu du résultat final, à savoir un gros bordel scénaristique (très simple à suivre au demeurant), des intentions très ambitieuses (en opposition parfois assez franche avec la concrétisation du projet), et finalement une bizarrerie très étonnante dont le côté biscornu et atypique peut contribuer à contrebalancer l'extrême indigence de l'ensemble.
Film fauché avant tout, collant aux basques du protagoniste Mark dans sa quête, à la recherche du bonheur dans les rues de Los Angeles. Il est solitaire, photographe, apprenti chef opérateur, et on nous fait part très rapidement de ses déviances les plus intimes — une des premières scènes le montre flirtant avec une femme dans son appartement avant de l'assassiner par étranglement. Cet élément factuel étant donné dans les premières scènes, il faudra attendre assez longtemps pour comprendre le propos qui s'éloigne nettement du simple serial killer : en réalité, il s'agit d'un homme aux troubles psychotiques, sujet à des pulsions morbides corrélées à une certaine désillusion existentielle. Eh oui, la vie à Hollywood n'est pas aussi radieuse que celle vantée partout... Le gars avec de grandes ambitions et se retrouve à devoir bosser comme caméraman dans une production porno miteuse, sous les ordres d'un producteur affreux — joué par un acteur au doux nom de Dick Glass.
Gros condensé de séquences maxi campy, dignes des plus mauvais téléfilms érotiques, qui donnent un certain cachet au film. Mais derrière ces aspects bourrins peu engageant, la désillusion ouvre la voie à un possible salut en la personne d'une actrice que le protagoniste rencontre et qui pourrait contribuer à sa rémission, les deux partageant les mêmes attentes déçues. Une séquence sur les hauteurs de Bunker Hill, sous les célèbres panneaux de Hollywood, une scène de sexe aux miroirs fragmentés expérimentaux, et un finish mémorable (raté, mais marquant) pour cette vision alternative de la machine à rêves hollywoodienne.