Alors qu'ils travaillent comme monteurs pour les bandes-annonces de New World Pictures, Alan Arkush et Joe Dante s'arrangent avec Roger Corman pour tourner ce qui devait être le film le moins cher de l'histoire de cette maison de production : Hollywood Boulevard. Leur idée : utiliser leur expérience de monteur et leur connaissance du catalogue de la boite pour remplacer autant de séquences que possible par des images d'archive ne leur coutant pas un sou. A eux de se débrouiller pour que le scénario fasse sens et limiter au maximum les faux-raccords.


L'histoire suivra donc Candy Hope, fraichement débarquée à Hollywood pour y devenir une vedette. Elle trouve rapidement un emploi comme cascadeuse puis comme actrice chez Miracle Pictures ("If it's a good picture, it's a Miracle!"), une petite société produisant un long-métrage par semaine.


Vous l'aurez compris, Miracle Pictures s'inspire largement de New World Pictures. Ce qui permet aux deux réalisateurs de justifier l'utilisation de certaines séquences de films par le fait que les personnages sont justement en train de tourner les séquences en question. L'occasion par exemple d'effectuer un vrai-faux voyage aux Philippines - une des destinations préférées de Roger Corman - histoire de caser plusieurs scènes bel et bien tournées sur place. Ils bénéficient aussi de la présence de leurs figures récurrentes - comme Mary Woronov et l'indispensable Dick Miller - ainsi que de quelques accessoires restant de précédentes productions. Dont les voitures de David Carradine et - justement - Mary Woronov dans Death Race 2000, ce qui est forcément super cool. En parlant de Death Race 2000, son réalisateur Paul Bartel y tient ici le rôle d'un cinéaste allemand se comportant comme s'il filmait à chaque fois un chef d'oeuvre, alors qu'il est aussi le premier à rappeler les deux thèmes principaux des productions Miracle Pictures : les culs et les nichons. Mais la liberté que lui laisse son producteur le satisfaisant pleinement, il n'a aucune envie d'aller voir ailleurs (référence au fait que Paul Bartel a toujours préféré le cinéma indépendant pour les mêmes raisons). Nous retrouvons aussi Jonathan Kaplan, autre réalisateur maison (notamment de l'excellent Truck Turner), ici dans le rôle du libidineux assistant de Paul Bartel.


Sorti un an avant Star Wars, Hollywood Boulevard reprend déjà à deux reprises le pas-encore-insupportable Cri de Wilhelm. Ce qui suffit à donner le ton : il s'agit d'un long-métrage très méta, très cinéphile, et avant tout porté sur l'humour. Les deux réalisateurs nous demandent d'accepter le concept du film, à savoir ce montage d'extraits de diverses productions liées par une même trame, sans quoi le résultat ne peut pas fonctionner (la supercherie ne tenant pas une seule seconde). Une fois ce contrat passé avec le spectateur, ils peuvent se faire plaisir. Ce métrage fonctionne avant tout sur la personnalité décalée de ses protagonistes - réalisateur précieux, actrices prêtes à tout pour réussir, producteur usant et abusant du carriérisme de ces dernières, agent très occupé, kaiju peu satisfait du scénario de sa prochaine production - et les absurdités que permet le montage, avec un ton enjoué et gentiment moqueur. Pour le documentaire sur le cinéma d'exploitation, nous repasserons.


A condition de ne pas se braquer au premier faux-raccord, il s'agit d'un film sans grande prétention mais qui fait passer un bon moment. A recommander en priorité aux amoureux des Cormaneries en tout genre.

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le 16 févr. 2017

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Ninesisters

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