A première vue, il pourrait être difficile de considérer Hollywood Chainsaw Hookers comme un "vrai" film. Il apparaît surtout d'abord comme un concept, exposé avec clarté dans son titre. Du cul, des tronçonneuses, la Californie. Point-barre.
Mais c'est bien plus que cela, puisque Fred Olen Ray décide quand même de raconter une histoire, rendue délicieuse par son absurdité. Sans trop en révéler, sachez quand même, si vous en doutiez, qu'il y avait bien des tronçonneuses dans l'Egypte ancienne.
Devant la caméra les femmes dénudées manient avec coquetterie la tronçonneuse, visiblement dans un rappel jubilatoire de l'acte sexuel, avec force giclées de sang et membres volants ; les mâles libidineux en sont pour leurs frais et se retourneraient dans leur tombe en constatant l'incompétence des forces de l'ordre. Loin d'être sordide, le film est rigolard. On se détend, on s'oublie, on est là pour s'amuser.
Le concept barré du film, les nombreux hommage à Blood Feast, Massacre à la tronçonneuse 2, au Retour des morts-vivants, la nullité assumée des acteurs, familiers des amateurs du genre, et même la mise en scène désespérément statique, associée à une photographie hideusement télévisuelle, concourent à rendre un vibrant hommage à ce que j'appellerais "l'esprit video-club".
Cela peut sembler dénué d'intérêt, affreusement nul, voire franchement de mauvais goût, mais on se prend à se sentir chez soi au sein de cette absurdité filmique. Une vanne confondante de nullité par-ci, un numéro de cirque maladroitement inséré par là, et on est happé par le spectacle de ces corps lascifs, siliconés ou non, luttant comme ils le peuvent contre le poids de ces outils tellement phalliques.
Rien de rationnel dans l'affection que l'on peut porter à ce film - mais rien n'est rationnel dans Hollywood Chainsaw Hookers. Et de cela, on le remercie.