Film de merde !
Autant dire que je ne connais rien, ou presque, au cinéma allemand à part que Fassbinder eh bien c'est bien (en tous cas parait que c'est ce qu'il faut dire, je n'ai encore vu aucun de ses films)...
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le 9 juil. 2022
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Des films où le héros se retrouve coincé dans un lieu exigu et va chercher coûte que coûte à en sortir, il y en a eu plein. Coincé dans un ascenseur, dans une cabine téléphonique, dans une maison, dans un bar, dans une voiture, dans un cercueil, entre des rochers, … Je vous ai même parlé récemment de Glorious, avec son personnage principal coincé dans des toilettes. Mais il n’y en avait jamais eu, du moins à ma connaissance, se déroulant quasi exclusivement dans des chiottes de chantier avant Ach du Scheiße!, retitré Holy Shit ! pour l’international, premier film du jeune réalisateur allemand Lukas Rinker. Holy Shit ! est un film mêlant huis clos pataugeant dans la merde et versant dans le trash, comédie noire romantique, le tout avec un petit message écologique. Alors est-ce que cette histoire de caca au titre raccord avec sa thématique est bien ? Plutôt oui. Mais si vous avez l’estomac un peu fragile dès qu’il s’agit d’excréments, pas sûr que ce film soit fait pour vous…
Le film commence par une demoiselle dénudée, à grosse poitrine, qui se trémousse devant la caméra, une dynamite à la main. Mais c’était un rêve et lorsque notre héros se réveille, costard cravate, chaussures de sécurité, le front ouvert et le bras transpercé par une grande barre de fer, le tout dans des toilettes de chantier, on se demande qui il est, comment est-il arrivé là, et comment va-t-il s’en sortir. Le décor est planté en 2 minutes top chrono et les péripéties rocambolesques vont pouvoir se lancer. On comprend rapidement qu’il n’est pas là par accident et petit à petit, grâce à des flashbacks mais pas que, les pièces du puzzle vont s’assembler et cette histoire se déroulant en temps réel va prendre tout son sens. Comme c’est parfois le cas, le personnage se remet en question, il va réfléchir sur lui-même, sur sa façon de vivre et il sortira grandi de cette fâcheuse expérience… s’il arrive à s’en sortir. Il n’a que quelques minutes pour sortir car la cabine de toilettes dans laquelle il se trouve est sur un terrain qui va se faire dynamiter. Avouez que le pitch est bien délirant non ? Eh bien les péripéties le seront tout autant et chacune des tentatives quelconques du personnage de Frank va bien entendu se solder par un échec (sinon il n’y aurait pas de film…) car en plus, quand la malchance s’en mêle, le sort fera que chaque bonne idée aura des conséquences pas toujours attendues. Alors oui, l’ensemble est parfois un peu poussif, avec certaines scènes tirées par les cheveux, mais qu’importe au final car le but n’est pas de rendre la chose le plus réaliste possible mais de divertir le spectateur avec ce pitch de départ improbable. Et comme dit en introduction, les estomacs les plus sensibles pourraient avoir quelques relents comme le personnage principal est dans la merde, au sens propre comme au figuré, et il va prendre tout un tas de liquides et autres substances pas très ragoutantes sur le coin du museau. En même temps, c’est logique vu le lieu de l’action non ?
Une très grosse majorité du film va se dérouler dans ces toilettes de chantier mais la mise en scène est suffisamment intelligente pour que cela ne devienne pas redondant, avec par exemple un très joli travail sur la photographie qui va beaucoup jouer sur le peu de lumière qui parvient à l’intérieur. L’œil est accroché d’entrée de jeu avec cette caméra désorientée dans la première scène afin que, tout comme le personnage coincé, le spectateur ne sache pas où est l’endroit et où est l’envers. Il y a suffisamment de rythme pour ne pas ennuyer, la faible durée du métrage aidant clairement, avec en plus des rebondissements pas toujours là où on les attend. Mais surtout, la façon dont l’ensemble est raconté, la chronologie des évènements qui est distillée petit à petit, est tout à fait cohérent et on prend plaisir (si tant soit peu qu’on puisse utiliser le terme « plaisir » vu la thématique) à regarder Frank essayer de se sortir de ce bourbier. Thomas Niehaus est d’ailleurs crédible du début à la fin, retranscrivant parfaitement aussi bien la détresse morale d’une telle situation que la douleur physique qu’il ressent (rappelons que son bras est transpercé de part en part). Les quelques effets gores sont d’ailleurs bien sentis et surtout très bien exécutés, tout en practical, ce genre d’effet gore qui fait mal lorsqu’on les regarde. Et comme chaque mouvement abrupt de Frank est susceptible d’aggraver sa plaie, on regarde parfois en grinçant des dents d’autant plus que, étant donné le lieu de l’action, certains passages sont bien crados. Les maquillages sont très bons et même lorsque Holy Shit part dans le grotesque et dans le gore qui tache lors de son final, avec un côté inattendu qu’on taira ici, l’amateur de sanquette aura le sourire aux lèvres. Dommage que l’humour noir de la première moitié disparaisse un peu dans la seconde avec un ton un peu plus sérieux qui s’installe (bien que désamorcé dans le final) car si Holy Shit avait gardé le même cap tout du long, il aurait sans doute gagné quelques moins. Mais malgré tout, ce premier film de Lukas Rinker plaira aux amateurs de bobines un brin déjantées et ça tombe bien car ce sont eux que le film vise.
Dans le milieu du huis clos à petit budget, il faut faire preuve d’inventivité et, pour son premier film, Lukas Rinker en a à revendre. Holy Shit ! est une bobine des plus funs, à condition de ne pas être gêné par des scènes un peu crados impliquant des excréments.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-holy-shit-de-lukas-rinker-2022/
Créée
le 4 oct. 2023
Critique lue 44 fois
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