Plusieurs sœurs se rendent en Inde pour un voyage de quelques jours. Toutes veulent rentrer sauf une : Ruth, qui semble comme un poisson dans l’eau dans cette nouvelle culture pourtant si éloignée de celle de sa terre natale. Son entourage est persuadé que son envie de rester est dû à une hypnose, qu’elle est totalement sous l’emprise qu’un gourou nommé Baba, à qui il a suffit de toucher son front pour l’avoir dans la poche. L’engouement de la jeune femme est si grand qu’elle aimerait faire partie de ses nombreuses épouses, ce qui inquiète grandement sa sœur qui ne comprend pas son intérêt pour un vieillard.
L’inquiétude gagne sa famille, qui fait appel à des spécialistes. La couleur est vite annoncée, ils arriveront facilement à capturer son corps mais pas son esprit. La solution ? Appeler l’homme numéro un dans le domaine de la « déprogrammation spirituelle » aux États-Unis. Après avoir imaginé un premier stratagème, la mère part rejoindre sa fille. Elle découvre avec une certaine stupéfaction à quel point son enfant est embrigadée et essaie d’utiliser sa corde sensible, en insistant sur le fait que son père est mourant. Ruth, devenue Nazni, verse quelques larmes, mais ne se jette pas à pieds joints dans le piège, elle lui dit qu’elle le verra peut-être une prochaine fois, dans une autre vie. Un événement la poussera finalement à retourner chez elle, mais seulement dans un but provisoire.
C’est alors que PJ, le fameux sauveur débarque en Australie. Macho débordant d’assurance, il est convaincu qu’en seulement trois jours, il arrivera à lui faire reprendre ses esprits avec une routine très structurée, avec laquelle il a sauvé pas moins de 109 sujets avec un taux de récidive très bas, 3% tout au plus.
Maintenant que le décor est posé, nous pouvons penser que l’on va aborder une histoire grave, découvrir comment on peut tenter de sortir une personne de ce genre de situation et c’est là qu’on se plante, en plus de survoler ses thématiques le film ne convint pas par son réalisme. Il est peu croyable qu’une famille, aussi désemparée et impuissante soit-elle, puisse confier sa fille à un parfait inconnu durant trois jours, accepter que celui-ci soit seul avec elle dans une ferme perdue au milieu de nulle part.
C’est à partir de ce moment du film que l’on peut comprendre que c’est avant tout un jeu de pouvoir entre deux êtres, qui arrivera à dominer l’autre ? L’homme expérimenté, à qui aucune femme ne peut résister (du moins selon la belle-sœur de Ruth) ou la demoiselle qui s’est laissée enfumée en un rien de temps ? Quand on commence à connaître Jane Campion, il est assez facile de savoir que c’est la femme qui l’emportera. Alors oui le personnage féminin est à part entière, mais le masculin lui est un véritable cliché sur pattes, un infidèle chronique qui ne pensera pas avec son cerveau bien longtemps, un mâle est-il donc incapable de résister à une forte poitrine ? Ne peut donc pas aller jusqu’au bout de son travail sans se laisser distraire ?
Cependant je dois avouer que j’ai quand même pris du plaisir à voir comment Ruth en a fait son pantin, au point qu’il ne se travestisse pour ses beaux yeux sans broncher. La performance de ces deux acteurs est superbe, ils donnent tout, heureusement qu’ils sont là parce qu’on ne peut pas vraiment dire que le reste du casting soit brillant, le fait que les personnages soient ridicules et stéréotypés n’aide pas. Le duo et quelques bons dialogues sauvent ce film.
Je regrette que le personnage de Ruth ne soit un tantinet hypocrite :
Elle reproche à son père de tromper sa mère avec sa secrétaire, mais à la fin elle correspond avec PJ qui est désormais papa et réconcilié avec sa femme malgré ses conneries. Je pense qu’il aurait été plus judicieux que leur relation s’arrête au moment où elle a atteint son objectif.
Il faut croire que les deux ne soient que de grands déséquilibrés, qu’aucun des deux ne rattrape l’autre. J’ai quand même eu beaucoup de mal à croire que la blondinette soit quelqu’un que l’on berne, au contraire je la pense parfaitement conscience de ce qu’elle fait, grande manipulatrice, que son embrigadement n’était qu’un prétexte pour ne pas dire à sa famille qu’elle ne voulait pas rentrer, qu’elle n’aimait pas cet environnement dans lequel elle ne s’épanouissait pas.
Je n'ai pas retenu le moindre message de ce film et c'est bien dommage.