Je découvre peu à peu la filmographie de Jane Campion, et il m'est toujours difficile de m'en faire une idée précise. D'autant que si « Holy Smoke » est peut-être l'une de ses œuvres les moins personnelles, c'est aussi l'une de celles que j'ai préféré. La dernière partie a beau être nettement inférieure et le voyage métaphysique en Inde légèrement fumeux, il y a quand même quelque chose d'étonnamment vivant, intense, presque « spectaculaire » (notamment dans les décors) chez la réalisatrice, avec certes un rythme parfois plus lent, plus contemplatif, mais qu'elle compense par un sens des dialogues et des situations proche du brillant.
Ça détonne, ça hurle même à plusieurs reprises, mais cela est souvent au service d'un propos, d'une vision, à l'image d'un duo Kate Winslet (quelle actrice!) - Harvey Keitel donnant beaucoup de leur personne. Pas forcément évident à critiquer, voilà un film qui, s'il ne plaira pas à tout le monde, a le grand mérite de ne pas laisser indifférent, surprendre et offrir quelques scènes marquantes : c'est suffisamment rare pour être souligné.