J'avais un peu peur de voir un film de famille bien gênant de deux heures quarante, mais on a plutôt évité le pire, ici. Même si la plupart des personnes filmées sont des membres de la famille du réalisateur (sœurs, beaux-frères, neveux et nièces à la pelle...) c'est fait de manière suffisamment impersonnelle pour ne pas nous faire entrer dans le cercle familial et je trouve ça plutôt bien parce que ce n'est pas ce qui m'intéressait.
Ça reste un documentaire fait à partir d'images type archives de famille, mais dans le genre c'est pas mal. C'est bien d'entendre les gens qui parlent, même s'il y a souvent les flottements un peu gênés de ceux qui n'ont pas l'habitude d'être face à la caméra. Ce point est plutôt positif, même si l'on ne va malheureusement jamais approfondir à ce sujet. Ce sont des conversations et pas des interviews, la discussion est déjà lancée, ou les questions sont amenées par ceux qui entrent. Ça a un côté naturel, même si l’on n’est pas vraiment dupes (et rien n’est fait pour nous tromper à ce sujet) mais cela fait aussi beaucoup de questions sans réponses puisque ce qui n’est pas amené spontanément dans la conversation ne sera jamais dit. L’ensemble est assez impartial dans ce qui est montré, ce qui est aussi bien que décevant. Au bout de presque trois heures, on n'a pratiquement aucune idée de ce que pensent ces gens de leur actualité, et c’est ce qui manque à ce film.
En revanche, c'est intéressant d'avoir ces images de la vie de tous les jours, entrecoupées par des extraits du journal télévisé. On voit ceux qui ont vécu la guerre ou qui l'ont entendue raconter qui s'y préparent, même des mois avant que quoi que ce soit n'arrive, c'est comme si elle était déjà là. Il y a un côté documentaire sur la vie pendant la guerre (avant la guerre), et un contexte bien installé que l’on voit évoluer.
Le sujet, la situation, sont intéressants (plus que le documentaire lui-même), et c'est ce qui fait que ce film est bien même s'il manque un peu de parti pris à tous niveaux.