Je me suis donc motivé pour aller voir la seconde partie de Homeland et le constat est le même que pour la première partie, je suis très mitigé. Alors pour commence on m'avait dit qu'on ne peut pas voir la seconde partie sans voir la première et inversement, que c'était qu'un seul et que les deux parties se faisaient écho, je suis en désaccord avec toutes ces assertions.
Déjà le film commence et on nous représente brièvement les personnages en mettant leur nom en sous-titre, ce qui est exactement la même présentation que pour le premier. De plus les échos sont très rares, on parle un fois des couches comme masque à gaz sous la forme d'une blague et une fois à un vendeur de livre qui dit que les pilleurs n'aiment pas la culture et que l'on a déjà vu dans le premier, mais c'est tout.
Si jamais seule la parte de l'Irak après la chute intéresse, c'est tout à fait possible de la voir de manière indépendante.
D'ailleurs les deux films sont assez différents, ici on est bien moins axé sur la famille, ce qui fait un peu de bien, vu que comme je l'ai dit dans ma critique de la première partie ces gens là on ne sait pas qui il sont, on ne peut rien éprouver pour eux. On a plus de témoignages de gens "normaux" dans la rue qui parlent de ce qui s'est passé depuis l'invasion américaine. Ce qui est intéressant c'est la pluralité des points de vue. En effet on va avoir des gens qui sont pour Saddam, d'autres pour la démocratie, d'autres pour le retour de la royauté, etc. Certains vont dire que la vie sous Saddam était très dure, d'autres qu'elle était mieux car il y avait de l'ordre.
Cependant je n'ai rien appris sur l'Irak en voyant ce film, ni sur la condition des irakiens et pourtant je ne suis pas un adepte des journaux télévisés.
Je ferai finalement le même reproche à ce film qu'à Shoah, c'est trop long et la multitude de petites interviews font qu'elles finissent par s'annuler les unes les autres, difficile de tout retenir. Surtout qu'il y a quand même des choses pas très intéressantes car on les a déjà vu trois fois avant. Par contre on quand même quelques scènes de vie assez sympas, une bataille au jet d'eau ou des tirs de fusées le long du Tigre qui permettent que ça ne soit pas juste une lamentation atroce de trois heures.
Mais il faut bien dire que ça ne suffit pas pour que ces gens aient une réelle consistance cinématographique, c'est juste des gens rencontrés au hasard, ou sa famille, mais il ne se passe rien lorsqu'il les filme. Je suis resté les yeux secs on va dire devant ce déluge de drames plus sordides les uns que les autres. Or justement j'aurai aimé être touché par ces vies brisées, me sentir concerné.
Un autre montage aurait été bien plus judicieux, déjà faire qu'un seul film avec une durée normale, mais surtout introduire les personnages, expliciter ce qu'il se passe, où ils vont, pourquoi ils filment ça, ce qu'ils s'attendent à trouver, ce qu'ils trouvent, recontextualiser. On voit des gens manifester mais on ne sait pas réellement pourquoi, or c'est ça qui est important pour bien comprendre ce qu'il se passe dans ce pays.
Heureusement qu'il a quand même quelques réflexions sympathiques, comme la nièce qui dit qu'elle a entendu que les pillages sont la faute de Saddam qui avait ordonné de piller le Koweit faisait comme si le pillage était dans la culture irakienne. Ou encore le type qui dit que les américains s'en sont pris à la culture irakienne et qu'il ne comprenait pas pourquoi (ce qui est assez logique d'ailleurs, sans doute une forme de jalousie).
Tout ceci fait que ça reste un document intéressant, mais que c'est pas du cinéma, c'est bien trop long, ça manque vraiment de contexte, d'intensité et d'émotions... C'est juste des images d'archives sans réelle personnalité... et la question de la manipulation au montage se pose toujours comme pour le premier volet.