Rasage de raie sur balcon & Enculage posey dans mon canapey
Avec Ma mère et Les Chansons d'Amour, Christophe Honoré était déjà fiché : cinéaste de la transgression à l'ordre moral, entomologiste des histoires d'amour, de sexe et de vie à la marge. A priori récupérable par les légions bobos, dont il se dissocie à l'envie, Christophe Honoré a cependant perdu tout soutien avec son Homme au bain. Ce film tourné en DV (en vidéo amateure) a été un four à tous les niveaux.
Homme au Bain ressemble à un énorme foutage de gueule, mais sa naïveté arrogante plonge dans le doute. Il ne faut pas, c'est juste que Honoré s'est fait plaisir en y allant à l'aveugle et en revendiquant la richesse intrinsèque d'une telle posture. Le film repose essentiellement sur le célèbre acteur porno gay François Sagat, ses fesses en particulier. Honoré filme ses journées passées dans son appartement et aux alentours de son HLM de Gennevilliers, entre ennui, baises et prestations de service. Il n'y a pas de trame sinon son amour brisé avec un poux moustachu. À ce titre il faut quand même mettre les choses au point. Omar, tu n'es pas gâté par le script c'est une évidence, mais là même l'enculage ne prend pas. Et quand tu t'enfuies après avoir proférées tes mises en garde, un peu comme si t'étais l'homme fort de la maison, on se retient juste de t'insulter et crois-moi dans ces conditions c'est légitime. Omar reprends-toi putain, ou achètes-toi un gun, mais à ce stade tu prends de gros risques, dans dix ans t'es déjà une serpillière.
L'ensemble est filmé n'importe comment et Honoré se permet d'introduire des vidéos de son voyage à New York, à l'occasion de la présentation de son plus grand succès, Non ma fille tu n'iras pas danser. Héroïne de ce film, Chiara Mastroianni que Honoré présente comme une muse mature, entre alors en scène. Cet insert n'est bien sûr pas totalement gratuit puisqu'elle croisera Sagat et lui fera une simple démonstration d'affection froide, sans implorer de sodomie ni palper ses abdos. Tout le long du film Honoré se montre incohérent, ne sait pas ce qu'il raconte et cherche à fournir un peu d'épaisseur avec cette éternelle rengaine des individus enfantins en fait, aux âmes pures et candides sous le masque de la dépravation et de l'excès. Et puis on parle anglais parce qu'on a une vision internationale (comme chez Ozon), you mean what I know ?
Le seul mérite du film est du côté de ses personnages. La plupart sont d'une pauvreté absolue, sans aucune caractérisation ; Honoré a sans doute voulu laisser faire la nature, or ses acteurs défilent manifestement sans trop savoir ce qu'ils sont. Mais la propension au pathétique a ses bénéfices. Le dernier coup de Sagat surprend : ce qu'on nous présente à ce moment fait réel, enfin, pour le meilleur et le plus salace. Rabah (Rabah Zahi – en-dehors des deux guest tout le monde garde son petit prénom) est pour le moins courageux de livrer une telle performance car elle est extrêmement vicieuse et gênante, sans le côté ultimement minable réservé à Omar, l'homme restant la gueule enfouie dans le canapé après une sodomie bien cherchée.
Et puis il y a le plaisir voyeur d'être aux premières loges de scènes intimes ; cette séquence seule, se concluant sur une fessée et passant par un rasage de cul, suffit à sauver le film en satisfaisant vraiment une vocation putassière. Les autres moments vraisemblants mais grotesques comme la comparaison de cul avec une bonne copine sont juste d'une bêtise déconcertante, tandis que l'inénarrable introduction (c'est faux, on peut la raconter et c'est très drôle justement) est une vision nanardesque de grande ampleur.