Homme au bain commence dans une réalité crue : celle d'un homme qui force son amant à coucher avec lui une dernière fois avant son départ. Puis c'est une sorte de double spirale vers l'étrangeté, le décalage, l'irrationalité quotidienne : la rupture amoureuse devient la rupture avec le réel. Tout déconne, tout devient bizarre. Emmanuel plonge, il baise à Gennevilliers, montre son cul à une amie, la regarde baiser avec son mec. Omar décolle, il vit son rêve américain à New-York, il flashe sur un jeune étudiant en école d'art, il s'éclate et oublie l'autre.
Sauf que non. La rupture n'est pas si simple et Honoré nous le montre à travers certaines séquences très épurées, à l'image du film (montage, plan, éclairage, caméra au poing). En fait, on a l'impression de plonger avec eux, sauf qu'on ne sait pas très bien où l'on va, ni même si on est bien partis. Alors oui, il y a des scènes qui marquent : la baise, les bites, les culs, le plan à deux et demi, l'épilation du cul (sacrilège qui m'a donné envie de gaufre à la chantilly). On en ressort un peu trop vide malgré tout, avec la sensation de s'être fait baiser au sens propre. Sauf que le mec avait juste envie de se vider. Une certaine idée de la déliquescence, malheureusement un peu trop vaine parfois.
Mention spéciale à François Sagat qui incarne très bien son rôle de chien battu. Et au petit étudiant aussi frais que naturel. Pour le reste, il ne reste qu'un brouillard et une chanson. Et le plus important : on n'a vu que des belles bites. Ce qui n'est pourtant pas évident à trouver.
Et mention "merde" pour le passage au milieu du film avec les bouquins qui ne servait vraiment à rien, sauf à nous rappeler la Nouvelle Vague et ses branlettes. Merde, quitte à se branler quelque chose ici, autant que ce ne soit pas le cerveau.