Fratrie, mafia et bidonville
Le registre du polar japonais 60s à la sauce occidentale arborant une photographie noir et blanc classieuse et une bande son jazzy est probablement un filon intarissable qui s'est exprimé dans des...
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le 9 sept. 2024
Le registre du polar japonais 60s à la sauce occidentale arborant une photographie noir et blanc classieuse et une bande son jazzy est probablement un filon intarissable qui s'est exprimé dans des formes diverses chez Kurosawa, Yamada, Naruse, Yoshida, Imamura, Masumura, Suzuki... Et donc Kinji Fukasaku avec ce titre qui pourrait rappeler "Cochons et cuirassés", mais dont il ne reprend que l'atmosphère de cinéma d'après-guerre au Japon, particulièrement marqué par les angoisses et le désespoir de son époque. Un cinéma brutal, violent, mû par une énergie brute et chaotique pour raconter son histoire de yakuzas, ici entremêlée au cœur d'une histoire familiale croisant les destins d'un fratrie hétéroclite — Kuroki (Rentarō Mikuni, le grand frère, directement impliqué dans les magouilles de la mafia (Ken Takakura) ; Jirō, le cadet qui laissera le dernier s'occuper seul de la famille, et qui sort de prison après 5 années passées derrière les barreaux ; Sabu (Kin'ya Kitaōji), le plus jeune, laissé derrière, condamné à survivre dans la misère d'un bidonville de banlieu et à gérer l'enterrement de la mère. Un contexte plutôt chargé.
"Hommes, porcs et loups" adopte les codes sous influences occidentales citées plus haut mais sans pour autant chercher la sur-stylisation à l'extrême comme le ferait un Suzuki — "La Marque du tueur", vu récemment, en est un parfait exemple. Photographie ultra léchée, vivacité du découpage, tragédie de la jeunesse oubliée... Derrière les nombreuses scènes rythmées par la musique Jazz mise au premier plan, c'est un récit d'apprentissage très dur mis en scène par Fukasaku au début de sa carrière, étonnamment sûr de son geste nihiliste. L'aîné de la fratrie entraîne ses deux frères dans le sillage des bas-fonds mafieux, et autant dire que les conséquences seront sales, à mesure que les liens familiaux se délitent au profit des intérêts personnels de chacun. L'affaire juteuse qui avait été présentée, le vol de valises de cash et de drogue au cours duquel les jeunes des bidonvilles devaient faire diversion pour un salaire de misère, enclenchera presque immédiatement les ennuis attendus — avec un petit supplément de torture. Une autre version du récit de la famille dysfonctionnelle, des espoirs d'élévation déçus, et des divergences de points de vue sur l'honneur et la morale.
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le 9 sept. 2024
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