Voilà un film qui n'a subi aucun casting. Pas un être humain n'y apparaît. Pas de dialogue, ni de commentaire. Et pourtant l'homme y est omniprésent. L'Homme est là en déchets, en décombres, en ruines, en toutes sortes de vestiges abandonnés, comme oubliés. Parfois on a l'impression qu'il a fallu vider les lieux en catastrophes. S'enfuir, vite très vite. On pourrait au fil des plans imaginer que traine dans un cendrier un mégot mal éteint, une timbale de coca, une tasse de café. Que s'est-il passé pour certains endroits quand il a fallu vider les lieux à toute berzingue.
Pour quelles raisons certains de ces lieux magnifiques ont-ils été abandonnés, voués à l'autodestruction. Une sorte de suicide, ou d'assassinat. on y voit des salles de spectacle aux architectures avant-gardistes audacieuses, des hôpitaux, des bâtiments industriels, qui pourrissent à tous les vents. La végétation envahie, dévore, reprend ses droits. Notre Terre dans 100 ans quand l'Homme aura été éradiqué. Ne survivent par çi par là un oiseau ou quelques insectes. Et la pluie qui s'en donne à coeur joie.
J'ai pensé aux toutes dernière images à cette première version de "la Planète des singes" sortie en 1968. Charlton Heston arrive dans son vaisseau spatial sur une magnifique plage. Et du sable sort à demi enfoui, tendu vers le ciel, un énorme bras brandissant une torche braqué vers le ciel. Dernier reste de la Statue de la Liberté.
Un film magnifique, esthétiquement très réussi. Mais inquiétant, pessimiste. "Arrête de jouer au con" pourrait en être le mot de la fin.