Cela aurait pu être un très grand film, tant nombre de plans sont à couper le souffle. Je pense à cette incroyable collision temporelle à l'intérieur d'une grotte, où les couches géologiques, l'écoulement de l'eau se superposent aux carcasses de voitures, et les cris de la ferraille ballotés par le vent. Ou bien ces sachets plastiques qui habitent les hangars en planant dans l'air. Tout ce qui habite une terre désolée appartient au ciel semble nous dire le réalisateur. Les seules présences vivantes qui seront filmés seront des oiseaux, jamais posés sur le sol. Non vraiment, cela aurait pu être un très grand film. Tout était là. La science du cadre, la lumière, un propos fort et éminemment politique. Et pourtant le film loupe le socle de son expérience, le fond de ce qui nous est montré dans chaque image mais que nous pouvons jamais entièrement vivre : le temps. Là où l'espace a été abandonné par l'humain, le temps qui reprend forme, qui retrouve son flot, est toujours coupé au montage. Au lieu d'accueillir, on capture des évènements. Au lieu de voir, on surligne. Et ce qui devait être une puissante expérience de l'écoulement se rapproche malheureusement d'un inventaire. A la fin du film, on ne peut s'empêcher de se demander à quoi il aurait ressembler si Benning ou Akerman s'était saisi de ce sujet. Reste donc l'idée qui est malgré tout assez géniale.