Homoti
Homoti

Film de Müjdat Gezen (1987)

Le cinéma turc ne s'est jamais beaucoup embarrassé des notions de propriété intellectuelle et de copyright et c'est ainsi que l'on a pu voir fleurir sur les écrans des Turkish Mad Max, Turkish Star Wars, Turkish Jaws, Turkish Star Trek, Turkish Rambo, Turkish Dracula, Turkish Death Wish, Turkish Shining, Turkish Superman, Turkish Batman et bien d'autres encore (Je vous renvoie d'ailleurs à cette sympathique liste ). L'extraterrestre de Steven Spielberg m'échappera pas à cette politique de remakes sauvages et il aura même droit à plusieurs films avec Badi en 1983 et donc Homoti en 1987.

Homoti nous raconte donc l'histoire d'un journaliste en quête de scoops pour redorer son blason auprès de son patron et qui tombe par hasard sur une créature extraterrestre alors qu'il était en train de photographier des couvercles de casseroles jetés en l'air pour faire croire à des soucoupes volantes. Il décide alors de ramener la créature chez lui pour l'interviewer mais il finit par se lier d'amitié et préfère de ce fait la garder cachée plutôt que de l'exposer au monde.

Homoti est donc une version low cost et parodique du film culte de Spielberg mais avec des faux airs de télénovela brésilienne et de sitcom paresseux, bien plus en tout cas qu'avec des vrais airs de film de science-fiction. Forcément une très grande partie du plaisir coupable que l'on va prendre en regardant Homoti tient dans le look improbable de cette pâle copie en mousse de l'extraterrestre original. Alors oui Homoti ressemble à E.T. mais après que ce dernier soit passé sous un tractopelle, un 38 tonnes et un TGV. La créature avec ses grands yeux vides, ses longs bras en mousse, son gros cul, ses jambes de nabot, sa fermeture éclair dans le dos, sa valise en bois qui clignote comme une guirlande de noël et sa démarche de Casimir neurasthénique fera le bonheur de tous les amateurs de nanar. Niveau action en revanche on sera moins à la fête puisque l'immense majorité du film consistera à regarder des personnages poser sur le canapé du salon discutant et s'interrogeant sur cette étrange extraterrestre. La petite créature se liera donc d'amitié (voir plus) avec ce journaliste qui l'a découvert mais aussi avec son extravagante maman, le voisin travesti et une jeune stagiaire que notre journaliste bellâtre ne mettra pas longtemps à séduire de son charme ravageur. Il faut dire que ce photographe de presse avec sa moto rouge Akira à trois roues, ses lunettes de soleil, sa moustache frétillante et ses pulls jacquard n'est pas très loin de chier la classe absolue. Nous rencontrerons aussi le patron du journal avec une bonne tête de vainqueur qui semble avoir choisi l'option farce et attrape des lunettes avec le faux nez et la moustache. D'ailleurs c'est globalement top moustache à tous les étages, le film nous offrant une belle collection de turcs à poils durs.

Le film s'articule donc autour de ressorts de comédie bien lourds et nous propose que trop peu d'action, ce qui est bien dommage puisque notre extraterrestres possède quand même quelques pouvoirs qui se manifestent avec des bruitages ringard de vieilles consoles 8 bits et de sonneries de vieux téléphone, le tout agrémenté d'effets spéciaux 3D délicieusement foireux. Lorsque Homoti se lâche il nous offre le ravissement d'un spectacle chatoyant avec tapis volant dans le ciel, lévitation de corps, disparition de tête et lorsque qu'il s'énerve il est même capable de punir un vil journaliste en lui collant son appareil photo à l'œil. Il est comme ça Homoti, sensible mais faut pas trop le faire chier non plus. Pourtant ne vous fiez pas à son look de vieux fœtus de Godzilla oublié dans une poubelle, Homoti est un être sensible qui tentera d'essuyer vos larmes en vous fourrant ses grosses paluches sur la tronche et ses gros doigts dans votre nez. Homoti nous offrira même un moment d'immense émotion quand après une soirée trop arrosé au mauvais mousseux, il poussera la chansonnette les larmes au yeux sur fond de violons sirupeux et d'images de petites fleurs des champs.

Alors oui Homoti est ringard et un peu con mais le film cache aussi un joli message d'espoir et d'ouvertrure d'esprit. Ce petit extraterrestre qui ne ressemble à rien reste un symbole fort, c'est un migrant, petit, moche, handicapé, végan, démocrate, homosexuel avec un gros cul... Magnifique ode à la tolérance et reconnaissance des minorités diront certains, immonde propagande wokiste de sales bobo islamo-gauchiste diront les autres, tandis que la majorité se contentera de dire haut et fort "mais qu'est-ce que c'est que cette merde ??".

Homoti rend également un vibrant hommage à Steven Spielberg (qui s'en serait sans doute bien passé) notamment lorsque Homoti regarde terrifié Les Dents de la mer à la télévision. Mais plus fort encore, le vrai, le seul , l'unique E.T. original s'offre un petit caméo dans le film lorsque Homoti lui passe un petit coup de fil en visio car dans l'espace tout le monde se connaît, tout le monde est amis et tout le monde s'en******. Mais bon, je me dois d'être un peu plus précis, on a surtout droit à un jouet miniature, une figurine de E.T. filmée en gros plan et doublée à l'arrache. Comme dans le film original Homoti finira pas retourner chez lui mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. Déçu de voir son grand amour de journaliste succomber aux charmes de la jeune stagiaire et rire très fort afin de faire éclater leur incommensurable bonheur, Homoti se barbouillera le visage de rouge à lèvres en essayant de se faire une bouche pulpeuse et tournera les talons pour se casser sur sa planète sans même prendre le temps de dire au revoir. Monde de merde !!!

Pour les plus courageux le film est disponible sur Youtube en version originale sous titrée anglais ICI

Ma Note Nanar : 07/10

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le 7 juin 2022

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Freddy K

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