Qu'est-il arrivé à Gary Hinge ? Adepte des excursions en solitaire dans les paysages sauvages des hauts-déserts du Nevada, cet Américain de 32 ans s'est volatilisé en 2017, laissant ses proches sans la moindre nouvelle. "Horror in the High Desert" dresse le portrait du disparu, son parcours et les éléments d'enquête qui pourraient expliquer son sort... complètement fictif.
Eh oui, ce long-métrage écrit, produit et réalisé par Dutch Marich est évidemment un faux documentaire reprenant à son compte les codes des émissions de reconstitutions de faits divers, où des images d'illustration un brin racoleuses côtoient celles d'archives de la victime, de la douleur de l'entourage venu témoigner et des autorités ou journalistes ayant suivi les investigations. Jouant sur le même attrait que ces reportages souvent produits à moindre frais peuvent susciter, ce petit film indépendant fait de son faible budget une force avec le décalque crédible de leurs effets de manche narratifs bien connus (et parfois kitchs), qui oscillent entre le sensationnalisme et une proximité didactique avec le spectateur. Et, comme une de ces émissions, "Horror in the High Desert" est bien entendu accrocheur par la nature de son mystère et arrive à maintenir notre intérêt par les indices qu'il distille tout au long d'une bonne partie de son déroulement pour tenter d'en percer les secrets.
Pourtant, il arrive un moment où l'on commence à croire qu'il est fort possible que le film nous laisse sur notre faim par sa timidité à utiliser les propres images de sa victime. Le parallèle qu'il dessine entre son disparu, que ses proches ne connaissait en réalité pas vraiment (tout comme l'échappatoire à sa solitude), et ce qui a attiré son attention dans le désert, sur fond d'une critique en bonne et due forme de l'avidité dangereuse d'informations réclamées par une audience, se met presque à apparaître comme la seule grande finalité d'un long-métrage qui chercherait justement à nous placer dans ce rôle nocif de spectateur toujours en demande de plus. En soi, cela aurait été plutôt malin mais, la thématique étant assez explicitement tracée, "Horror in the The High Desert" aurait pris le risque bien trop important de n'engendrer qu'un sentiment de frustration à l'arrivée.
Heureusement, Dutch Marich n'a pas opté pour une démarche aussi radicale et délivre un vrai bon moment de flippe en guise de conclusion, faisant admirablement bien marcher notre imagination via chaque silhouette et bruit que la caméra capte dans l'obscurité. Bien sûr, quand ce qui est montré devient plus visible à l'écran, le manque de moyens se fait ressentir et les frissons s'amenuisent mais "Horror in the High Desert" aura eu au moins le mérite de s'achever sur une bonne note en forme de récompense à tout ce qui a été construit auparavant.
Trop mineur en l'état pour devenir une référence du film d'épouvante utilisant le format du faux documentaire, "Horror in the High Desert" en est tout de même un spécimen honorable, ayant tout compris de ce que cherche à offrir les émissions qu'il s'amuse à singer... avec, en bonus, un final pour lequel sans doute toutes se battraient dans leur course infernale à l'audience.